À Bukama, le bruit des moteurs qui reprennent vie rompt un silence pesant de deux semaines. José Mukendi, commerçant local, confie : « Quand le pont Bundwe s’est effondré, c’est toute notre économie qui a tremblé. Les camions de marchandises bloqués, les denrées qui pourrissent… Aujourd’hui, voir les véhicules repartir, c’est comme une bouffée d’oxygène. » Ce lundi 22 septembre, le pont Bundwe, situé sur la route nationale 1 entre Luena et Kabondo Dianda dans la province du Haut-Lomami, est redevenu opérationnel après un effondrement qui a paralysé les échanges terrestres entre le Haut-Lomami, le Haut-Katanga et le Lualaba.
La réouverture de ce pont crucial, long de 157 mètres, marque la fin d’une période de crise pour les transporteurs et les populations. Des dizaines de véhicules stationnés à Bukama ont pu enfin reprendre leur route, soulageant une région où les activités commerciales dépendent étroitement de cette artère vitale. Les travaux de réparation, entrepris par l’entreprise CREC-9 en collaboration avec l’office des routes, ont été menés dans un délai relativement court, mais cette rapidité cache-t-elle une vulnérabilité plus profonde ?
Cet effondrement du pont Bundwe n’est malheureusement pas un incident isolé. En 2019, le même pont avait déjà cédé, tout comme d’autres ouvrages dans la province, tels que le pont Katongola. Cette répétition des crises interroge sur la durabilité des infrastructures en RDC. Le Haut-Lomami, province à vocation agricole, se retrouve régulièrement enclavé, fragilisant son développement économique. Combien de fois faudra-t-il reconstruire ces ponts avant de prendre des mesures pérennes ?
Les conséquences de ces effondrements vont au-delà des simples désagréments logistiques. Pour les agriculteurs, l’impossibilité d’écouler leurs productions vers les marchés du Haut-Katanga et du Lualaba signifie des pertes financières colossales. « Sans la route nationale 1, nos récoltes pourrissent sur place », déplore un cultivateur rencontré sur les lieux. Cette situation accentue la précarité dans une région déjà confrontée à des défis multiples.
L’intervention de CREC-9, bien que saluée pour son efficacité, soulève des questions sur la qualité des matériaux utilisés et la planification des maintenance. Les autorités locales appellent à une réflexion plus large sur la modernisation des infrastructures de transport en RDC. « Il ne s’agit pas seulement de réparer, mais de construire pour l’avenir », insiste un responsable provincial. L’enjeu est de taille : éviter que le Haut-Lomami ne sombre dans un isolement chronique.
Au-delà du cas du pont Bundwe, c’est toute la problématique de la gestion des routes nationales en République Démocratique du Congo qui est mise en lumière. Les populations espèrent que cet incident servira de catalyseur pour des investissements durables. Comme le résume José Mukendi : « Nous voulons des ponts qui résistent aux intempéries et au temps, pas des rustines qui lâchent à chaque saison des pluies. » La balle est désormais dans le camp des décideurs pour transformer ces alertes en actions concrètes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd