La terre congolaise tremble, les rivières débordent, les volcans grondent. Chaque année, ces catastrophes naturelles emportent des vies, détruisent des infrastructures et plongent des milliers de familles dans le désarroi. Face à cette urgence permanente, la République Démocratique du Congo prend enfin une mesure décisive avec le lancement de l’atelier de validation de sa politique nationale de gestion des risques de catastrophes.
Ce mardi 23 septembre à Kinshasa, la vice-ministre de l’Intérieur, Eugénie Tshiela Kamba, a officiellement ouvert les travaux qui réunissent pendant trois jours les experts nationaux et internationaux. Un moment historique pour un pays qui paie un lourd tribut aux caprices de la nature. « La RDC est un pays béni par la nature, mais aussi exposé à une diversité de risques », a souligné la vice-ministre, dressant un tableau alarmant de la situation.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : inondations meurtrières, glissements de terrain dévastateurs, éruptions volcaniques imprévisibles et accidents industriels se succèdent à un rythme inquiétant. Ces événements ne se contentent pas de faire des victimes immédiates – ils engendrent une crise humanitaire prolongée qui paralyse le développement du pays. Bruno Lemarquis, coordonnateur de l’action humanitaire en RDC, ne mâche pas ses mots : « Ces drames réduisent la capacité du pays à réfléchir sur le long terme et découragent les investisseurs. »
Mais pourquoi cette politique nationale de gestion des risques de catastrophes est-elle si cruciale ? La réponse réside dans la nécessité impérieuse de passer d’une logique réactive à une approche proactive. Actuellement, la RDC fonctionne essentiellement en mode urgence, intervenant après chaque catastrophe sans véritable stratégie de prévention. Cette nouvelle politique vise à inverser la tendance en établissant un cadre cohérent pour anticiper, prévenir et gérer efficacement les crises.
L’implication des Nations Unies dans ce processus démontre l’importance internationale de cet enjeu. « L’engagement plein et entier des Nations Unies » à accompagner la mise en œuvre de cette politique, comme l’a réaffirmé Bruno Lemarquis, constitue un signal fort. Le Programme alimentaire mondial (PAM), représenté par son adjoint Ollo Sib, apporte également son expertise technique essentielle à l’élaboration de ce document stratégique.
Les défis sont immenses pour ce pays-continent aux écosystèmes fragiles. La variété des risques nécessite une approche multisectorielle intégrant la dimension environnementale, urbaine et sociale. Comment protéger les communautés riveraines des volcans actifs ? Quels systèmes d’alerte précoce mettre en place face aux inondations récurrentes ? Comment renforcer la résilience des infrastructures critiques ? Autant de questions auxquelles cet atelier de validation doit apporter des réponses concrètes.
La feuille de route qui émergera de ces travaux devra impérativement inclure des mécanismes de coordination entre les différentes institutions, une cartographie précise des zones à risque, et surtout, un plan de financement durable. Car sans moyens adéquats, même la meilleure des politiques restera lettre morte. Les participants devront également réfléchir à l’intégration des connaissances traditionnelles dans les systèmes modernes d’alerte, reconnaissant ainsi l’expertise locale accumulée face aux aléas naturels.
Cet atelier de validation représente donc bien plus qu’une simple formalité administrative. Il s’agit d’un tournant décisif dans la manière dont la RDC appréhende les menaces naturelles. La validation de cette politique nationale de gestion des risques de catastrophes pourrait marquer le début d’une nouvelle ère où la prévention prend le pas sur l’improvisation, où la sécurité des populations devient une priorité absolue.
Le compte à rebours est lancé. Pendant trois jours, les experts devront peaufiner ce document qui pourrait sauver des milliers de vies. La responsabilité est immense, tout comme l’espoir qu’il suscite. Car derrière chaque statistique, derrière chaque ligne de cette politique, se cachent des visages, des familles, des communautés entières qui attendent que leur pays les protège enfin contre la fureur des éléments.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net