Au cœur du village Kimbushi, dans le secteur Kwenge du territoire de Bulungu, une tragédie humaine se déroule sous nos yeux. Neuf familles, dont plusieurs femmes et enfants, ont vu leurs vies réduites en cendres par un simple feu de brousse devenu incontrôlable. Comment une étincelle peut-elle anéantir des années de labeur en quelques heures seulement ?
« Nous avons tout perdu en moins d’une heure », témoigne une mère de famille, le regard vide fixé sur les décombres de ce qui fut sa maison. « Nos habits, nos vivres, même les diplômes de nos enfants ont brûlé. Comment recommencer quand il ne reste que des cendres ? » Cette question, beaucoup se la posent dans ce village meurtri où la solidarité tente de pallier l’ampleur des dégâts matériels.
L’incendie de Kimbushi révèle une réalité plus cruelle encore : la perte de 6 millions de francs congolais appartenant à un conducteur de moto. Cette somme, obtenue par ristourne deux jours seulement avant le drame, symbolise l’espoir d’une vie meilleure réduite en fumée. Quelle sécurité économique pour ces villageois lorsque le fruit de leur travail peut disparaître si brutalement ?
La descente du parquet de grande instance de Bulungu et la présence du président de la société civile locale, Me Dirigeant Munzende, montrent l’importance de cette catastrophe. « Nos enquêtes visent à établir les responsabilités pour rétablir les victimes dans leurs droits », explique ce dernier. Mais au-delà de la recherche de justice, c’est toute la question de la prévention des incendies dans cette région qui se pose.
Les pertes financières à Bulungu ne se limitent pas aux biens matériels. La destruction des diplômes d’État représente un coup dur pour l’avenir de ces familles. Comment reconstruire des documents officiels dans une région où l’accès aux administrations reste un parcours du combattant ? Cette perte symbolique frappe particulièrement les jeunes générations dont l’éducation représente souvent le seul espoir de mobilité sociale.
Le feu de brousse à Kwenge, allumé par un habitant dont la maison a également été consumée, interroge sur les pratiques agricoles traditionnelles dans un contexte de changement climatique. Faut-il revoir ces méthodes ancestrales face à l’imprévisibilité croissante des éléments ? La société civile de Bulungu plaide pour une sensibilisation accrue des populations aux risques incendiaires.
Cette nuit passée à la belle étoile par les sinistrés n’est que le début d’un long calvaire. Sans abri, sans ressources, ces familles doivent maintenant affronter la saison des pluies dans une précarité extrême. La solidarité villageoise suffira-t-elle à pallier l’absence de structures d’urgence étatiques ?
L’incendie de Kimbushi dépasse le simple fait divers pour devenir le symptôme des vulnérabilités systémiques qui frappent les zones rurales congolaises. Entre traditions à risque et absence de filets de sécurité, ces communautés naviguent dans une insécurité permanente. La reconstruction devra passer par une prise de conscience collective et des mesures concrètes de prévention.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd