La tension monte dans les salles de classe de la province éducationnelle Tshopo 2. Alors que l’année scolaire peine à démarrer, les enseignants des territoires d’Isangi, Yahuma, Basoko et Opala brandissent la menace d’une grève généralisée. Leur colère est nourrie par des mois de retard dans le paiement de leurs salaires, une situation qui dure selon eux depuis trop longtemps.
Comment comprendre qu’en République Démocratique du Congo, pays qui mise sur l’éducation pour son développement, des enseignants doivent menacer de cesser le travail pour obtenir ce qui leur est dû ? La question hante les couloirs des écoles de la Tshopo 2, où le mécontentement gronde depuis plusieurs semaines.
« Les enseignants en ont marre ! », lance Freddy Kiringozi, président syndical de la Solidarité interprofessionnelle pour le changement. Son constat est amer : « On ne comprend pas comment est-ce que l’éducation nationale dans son ensemble est gérée. Comment est-ce que la Caritas est en train de malmener les enseignants, mais le gouvernement reste calme… »
Le système de paiement mis en cause fonctionnerait selon un schéma pour le moins surprenant. Les enseignants dénoncent une pratique établie : ils seraient systématiquement payés avec deux mois de retard, et ne recevraient ensuite que le salaire d’un seul mois. Un cercle vicieux qui plonge les familles d’enseignants dans une précarité croissante.
La Caritas développement du diocèse d’Isangi, désignée comme agence de paiement, se retrouve au cœur de la tourmente. Mais face aux accusations, l’abbé Jean-Claude Bikula, coordonnateur de la Caritas diocésaine d’Isangi, se défend : « C’est le Gouvernement qui paie les enseignants. Moi, je ne suis que le pont. Si l’IFOD me donne l’argent, je vais donner aux enseignants. »
Cette situation de conflit enseignants gouvernement RDC n’est pas sans conséquences sur le terrain. Médard Elnge, administrateur du territoire d’Opala, ne cache pas ses craintes : « Ça grogne, ça grogne ! Ils risquent de créer un mouvement qui risquerait de faire traîner les enfants à la maison… » Son inquiétude reflète celle de toute une région où l’éducation semble prise en otage.
La grève enseignants Tshopo qui se profile pose une question fondamentale : jusqu’à quand les acteurs de l’éducation continueront-ils à travailler dans des conditions aussi précaires ? Le retard paiement salaires enseignants n’est pas seulement une question financière, c’est aussi une question de dignité et de reconnaissance pour ceux qui forment les futures générations.
La province éducationnelle Tshopo 2 se trouve ainsi à un tournant décisif. L’ultimatum d’un mois donné par les enseignants sonne comme un avertissement sérieux. Si aucune solution n’est trouvée d’ici là, des milliers d’élèves pourraient se retrouver privés de cours, aggravant encore le retard scolaire dans une région déjà défavorisée.
Quelles solutions envisager pour sortir de cette impasse ? La clarification des responsabilités entre le gouvernement et la Caritas Isangi apparaît comme une première étape nécessaire. Ensuite, la mise en place d’un système de paiement plus transparent et régulier s’impose comme une évidence.
La situation actuelle interroge sur la place réelle accordée à l’éducation dans les priorités nationales. Alors que le pays aspire au développement, peut-il se permettre de négliger ceux qui en sont les artisans premiers ? La réponse à cette question déterminera non seulement l’issue de ce conflit, mais aussi l’avenir de l’éducation dans toute la région.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
