Alors que près de 60% de la population congolaise vit en milieu rural et dépend de l’agriculture pour sa subsistance, un nouveau projet vient d’être lancé pour transformer le secteur agricole en République Démocratique du Congo. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en partenariat avec la Confédération nationale des producteurs agricoles du Congo (CONAPAC), a officiellement démarré son initiative de formation destinée aux jeunes et aux femmes dans les domaines de l’entreprenariat agricole et du numérique.
Mais comment relever le défi de la sécurité alimentaire dans un pays où l’agriculture reste largement traditionnelle ? La réponse semble se trouver dans cette initiative pilote qui couvre Kinshasa, Kwango et Kwilu. Henri Paul Eloma, assistant du Représentant-pays de la FAO, explique l’ambition du projet : « D’ici la fin de l’année, nous allons assurer la formation des jeunes et des femmes dans trois provinces à savoir : la ville province de Kinshasa à Maluku ; Kwango à Kenge ; et Kwilu, spécialement à Kikwit et à Idiofa. On est dans les mille cinq cents personnes à former dans sa phase pilote ».
Le choix de Maluku comme site de lancement n’est pas anodin. Cette commune périurbaine de Kinshasa représente un laboratoire intéressant pour tester les bonnes pratiques agricoles. « Il faut que les gens sachent comment produire surtout dans les milieux qui sont aussi dégradés comme Maluku, puisque c’est une commune proche de la ville de Kinshasa et les mauvaises pratiques agricoles font que les terres soient des plus en plus dégradées », souligne Henri Paul Eloma.
L’approche innovante de ce projet FAO RDC combine plusieurs dimensions cruciales pour le développement rural congolais. Au-delà des techniques agricoles traditionnelles, les participants découvriront comment le numérique peut révolutionner leur activité. Savoir entrer en contact avec sa banque par téléphone, accéder à l’information météorologique ou connaître les prix du marché en temps réel : autant de compétences qui peuvent changer la donne pour les petits producteurs.
Quel impact peut-on attendre de cette formation en entrepreneuriat agricole au Congo ? Les experts estiment que l’autonomisation économique des jeunes et des femmes constitue un levier essentiel pour réduire la pauvreté en milieu rural. En associant modernisation des pratiques et inclusion financière, le projet vise à créer une nouvelle génération d’agriculteurs entrepreneurs, capables de transformer le secteur agricole congolais.
La collaboration entre la FAO et la CONAPAC témoigne d’une volonté d’ancrer le projet dans la réalité du terrain. Les organisations paysannes locales joueront un rôle clé dans l’identification des besoins spécifiques et l’adaptation des formations aux contextes régionaux. Cette synergie entre acteurs internationaux et structures congolaises pourrait garantir la pérennité des actions engagées.
Alors que la RDC possède un potentiel agricole immense avec près de 80 millions d’hectares de terres arables, seule une infime partie est actuellement exploitée de manière optimale. Les formations dispensées dans le cadre de ce projet pourraient contribuer à inverser cette tendance en promouvant des méthodes durables et productives.
Les défis restent cependant nombreux : accès au crédit, mécanisation limitée, difficultés d’écoulement des productions… Autant d’obstacles que le projet devra prendre en compte pour assurer son efficacité à long terme. La question se pose : comment garantir que ces formations débouchent sur de véritables opportunités économiques pour les bénéficiaires ?
À l’heure où les enjeux de sécurité alimentaire et d’autosuffisance deviennent prioritaires pour le développement de la RDC, cette initiative de la FAO représente un pas important vers la modernisation du secteur agricole. Le succès de ce projet pilote pourrait ouvrir la voie à son extension à d’autres provinces, offrant ainsi à des milliers d’autres jeunes et femmes congolais la chance de participer à la transformation de l’agriculture nationale.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
