Une nouvelle semaine, une même angoisse : l’Est de la RDC s’embrase encore. Tandis que le M23 étend son emprise et gagne la cité stratégique de Nzibira au Sud-Kivu, la crise humanitaire atteint un niveau critique. Malgré un dialogue institutionnel fébrile et les plaidoyers réitérés à l’ONU pour la reconnaissance du GENOCOST congolais, l’impuissance de la communauté internationale et l’épuisement du tissu social interrogent notre capacité nationale à préserver la sécurité, la souveraineté et l’espoir.
La revue de l’actualité de la semaine passée, contextualisée par les précédentes, révèle une surenchère dramatique autour du conflit à l’Est. Trois faits majeurs s’imposent. D’abord, la progression insidieuse du M23 qui, fort de 7 000 nouvelles recrues à Goma une semaine plus tôt, s’empare désormais de Nzibira, après avoir occupé plusieurs localités du Nord-Kivu. La prise de cette cité minière cruciale souligne la faiblesse persistante de la réponse militaire et la fracture profonde entre les FARDC/Wazalendo et la population, exacerbant la défiance face à l’État. Ce revers, loin d’être isolé, intervient alors que l’accord d’échange de prisonniers RDC-M23 signé mi-septembre sous l’égide du CICR — salué mais déjà sapé sur le terrain par la reprise des combats —, démontre l’écart douloureux entre l’affichage diplomatique et la réalité du chaos.
Deuxième trait, la crise humanitaire s’enracine. Les articles de la semaine font état de centaines de milliers de déplacés survivant sans assistance, alors que le plan de réponse humanitaire 2025 n’est financé qu’à 14,9%. La MONUSCO, en retrait progressif, réhabilite à contrecœur des prisons tandis que les forces de sécurité peinent à protéger la population civile. Dans le même temps, l’épidémie d’Ebola au Kasaï gagne du terrain (avec 16 décès à Bulape alors même que les gestes barrières ne sont pas respectés), illustrant qu’au-delà des armes, la vulnérabilité sanitaire et la méfiance envers l’État minent la cohésion sociale. Les initiatives — de distribution alimentaire à la certification des enseignants — paraissent dérisoires face à l’ampleur des besoins.
Sur le plan institutionnel, la semaine est marquée par la poursuite de la crise politique : pétitions pour la destitution de Vital Kamerhe, déchirements internes à l’Assemblée nationale, et contestations du processus budgétaire. De plus, la diplomatie congolaise, résolument tournée vers l’extérieur avec le plaidoyer du président Tshisekedi à l’ONU pour la reconnaissance du GENOCOST, interroge sur la primauté des intérêts stratégiques nationaux alors même que la souveraineté territoriale est mise à mal sur le terrain.
En toile de fond, ce panorama est aggravé par l’augmentation du prix du carburant (jusqu’à 15 000 FC le litre à Kindu), le déficit grave en infrastructures (ponts effondrés, localités isolées), et la progression de l’instabilité dans des zones autrefois épargnées (exactions wazalendo contre les civils à Musienene, attaques ADF et CODECO en Ituri). L’échec de la coordination des politiques publiques accentue la méfiance populaire, alors même que la société civile et l’Église appellent sans relâche à un véritable dialogue national inclusif, loin des marchandages de pouvoir.
Face à l’accumulation des drames humains et des reculs territoriaux, la RDC n’a jamais autant eu besoin d’un sursaut collectif. Nous en appelons à la responsabilité du gouvernement — qui doit assumer en actes la protection du territoire et des populations —, mais aussi à la solidarité active des Congolais et à la lucidité de la société civile. Nul règlement du conflit ne sera durable sans justice pour les victimes, sans restauration de la confiance et sans une gouvernance transparente adossée à des choix stratégiques clairs. L’heure n’est plus aux plaidoyers isolés, ni aux solutions de façade. Agissons, mobilisons-nous, exigeons de nos dirigeants et partenaires cette politique de vérité qui seule peut sortir notre peuple du piège du fatalisme et de la résignation.
La paix, la sécurité et la dignité des Congolais valent plus que de nouvelles promesses.
— La Rédaction de CongoQuotidien