Le territoire de Punia, dans la province du Maniema, fait face à un paradoxe économique inquiétant : une production agricole abondante qui ne trouve pas d’écoulement viable en raison de l’enclavement criant de la région. Cette situation paralyse littéralement le potentiel agricole de cette zone pourtant riche en ressources.
Selon les témoignages recueillis lors du lancement des activités du cadre de concertation des acteurs de la chaîne de valeur Riz, Maïs et Manioc, les agriculteurs locaux dénoncent une réalité amère. « Nous cultivons et nous produisons beaucoup. Mais, comme nous sommes enclavés, notre production ne sert à rien », déplore Ilda Neubebende Numbi, représentante de l’association Umoja ya Wa Mama wa Punia.
Comment expliquer que des régions au potentiel agricole aussi prometteur puissent se trouver dans une situation aussi critique ? La réponse réside dans l’état désastreux des infrastructures routières. Les routes de desserte agricole, véritables artères économiques pour ces territoires ruraux, sont dans un état de délabrement avancé, rendant le transport des productions vers les marchés centraux quasi impossible.
Face à ce constat alarmant, le Programme d’appui au développement rural inclusif et résilient (PADRIR) a initié une plateforme de dialogue entre les différents acteurs de la filière agricole. Mathieu Kamulete, coordonnateur provincial intérimaire du PADRIR, souligne l’importance de cette démarche collaborative : « Nous avons constaté que les acteurs, qui touchent un même produit commun, ne se connaissent pas, ne collaborent pas, ne signent même pas des accords entre eux ».
La stratégie mise en place repose sur l’adage « Le marché qui augmente la production ». Une approche qui vise à créer une synergie entre tous les maillons de la chaîne de valeur, depuis le producteur jusqu’au consommateur final. L’objectif ? Améliorer la qualité des produits, augmenter les rendements et surtout, garantir des débouchés stables pour les agriculteurs du Maniema.
Les défis agricoles en RDC prennent une dimension particulière dans des régions comme Punia, où l’enclavement des territoires ruraux se double souvent d’un manque d’accompagnement technique. Les agriculteurs réclament notamment le respect du calendrier agricole par les partenaires qui les appuient en semences, un élément crucial pour optimiser les cycles de production.
La production agricole à Punia représente pourtant un potentiel considérable pour toute la province du Maniema. Avec des conditions climatiques favorables et des terres fertiles, la région pourrait devenir un grenier agricole majeur si les problèmes d’infrastructures étaient résolus. Les routes agricoles au Congo constituent donc un enjeu de développement économique primordial.
Quelles solutions concrètes peuvent être apportées à cette situation ? La réhabilitation des axes routiers prioritaires apparaît comme une urgence absolue. Mais au-delà des infrastructures, c’est toute une logistique de commercialisation qui doit être repensée, incluant des systèmes de stockage adaptés et des circuits de distribution efficaces.
L’initiative du PADRIR ouvre ainsi une perspective encourageante pour l’agriculture au Maniema. En créant un cadre de concertation pérenne, le programme vise à instaurer une dynamique vertueuse où chaque acteur trouve son compte. La réussite de cette approche pourrait servir de modèle pour d’autres territoires enclavés de la RDC, confrontés aux mêmes défis de développement rural.
À moyen terme, l’amélioration des conditions de commercialisation des produits agricoles pourrait significativement augmenter les revenus des populations locales et contribuer à la sécurité alimentaire de toute la région. Un enjeu qui dépasse largement le cadre purement économique pour toucher à la stabilité sociale et au développement humain.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net