Le président de l’Assemblée nationale congolaise, Vital Kamerhe, se trouve au cœur d’une tempête politique dont l’issue pourrait reconfigurer durablement les équilibres institutionnels. Son camp, l’UNC, vient de dénoncer avec force ce qu’il qualifie de « graves irrégularités » entachant la pétition en cours d’examen visant sa destitution. Cette révélation jette une ombre troublante sur la légitimité même de la procédure engagée par ses adversaires politiques.
Parmi les anomalies pointées du doigt, la présence d’un faux député, Mulumba Kanyinda, qui ne siège pourtant pas dans l’hémicycle de la 4ᵉ législature, interroge sur les méthodes employées par les initiateurs de cette motion. Comment une telle supercherie a-t-elle pu échapper à la vigilance des responsables de la collecte des signatures ? La crédibilité de l’ensemble du processus s’en trouve ipso facto écornée.
L’examen minutieux de la liste des signataires révèle d’autres irrégularités pour le moins troublantes. Le député Jerry Mulamba Mande apparaît à deux reprises, sous des numéros différents et avec deux signatures distinctes, soulevant des questions sur l’authenticité de son engagement. Le nom de Titan Eden Kalonji Antoine figure bien sur la liste, mais sans la signature requise, rendant son adhésion nulle et non avenue.
Pas moins de vingt-cinq autres signatures sont contestées après vérification croisée avec les fiches d’identification officielles des députés. Des élus tels que Mainzana Mapoko Nene, Kaposo Kintu Dominique, ou encore Kabeya Sombamanya voient leur participation remise en cause. Le cas du député Tokoko Tokongo, dont le nom apparaît inversé avec une signature jugée non authentique, ajoute à la confusion générale.
Face à ces dysfonctionnements, le secrétaire général de l’UNC, Billy Kambale, affiche une détermination sans faille : « Nous irons jusqu’au bout et nous faisons confiance aux élus légitimes du peuple. » Cette déclaration traduit la stratégie du camp Kamerhe : contester la validité procédurale de la pétition pour en obtenir l’annulation pure et simple.
La commission temporaire présidée par le député Peter Kazadi (UDPS-Tshisekedi) se trouve désormais sous pression. Composée de 22 membres issus de différents groupes parlementaires, elle doit rendre son rapport dans un contexte de forte attente politique. Le bureau provisoire dirigé par Isaac Tshilumbayi disposera ensuite de trois jours pour soumettre ses conclusions à la plénière.
Cette affaire dépasse la simple question des irrégularités formelles. Elle met en lumière les tensions sous-jacentes qui traversent l’Assemblée nationale et, plus largement, la majorité présidentielle. Vital Kamerhe joue son avenir politique dans cette bataille procédurale, mais au-delà, c’est l’équilibre des institutions congolaises qui se trouve mis à l’épreuve.
La suite des événements dépendra de la capacité des différents acteurs à trouver une issue respectueuse des règles démocratiques. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir de la présidence de l’Assemblée nationale et, par ricochet, pour la stabilité politique de la République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd