Dans une décision qui marque un tournant dans la gestion de la sécurité fluviale, le Président Félix Tshisekedi a sommé son gouvernement d’agir avec célérité face aux tragédies récurrentes qui ensanglantent les voies navigables congolaises. La tenue du conseil des ministres du 20 septembre dernier aura servi de tribune à un chef de l’État visiblement exaspéré par l’hécatombe persistante dans les provinces riveraines.
Comment expliquer que des drames évitables continuent de se produire avec une régularité macabre sur nos fleuves et lacs ? La réponse du gouvernement, orchestrée par le porte-parole Patrick Muyaya, esquisse une série de mesures radicales dont l’interdiction pure et simple de la navigation nocturne. Une mesure drastique, certes, mais qui traduit l’urgence de la situation après les naufrages meurtriers des 10 et 11 septembre dans l’Équateur.
Le Président Tshisekedi, dans une approche pragmatique, a exigé que les enquêtes en cours « aboutissent sans complaisance ». Un signal fort envoyé à tous les acteurs d’un système où l’impunité a trop souvent primé sur la sécurité des citoyens. Le vice-premier ministre en charge des Transports et Voies de communication se voit ainsi confier la lourde tâche de dresser un état des lieux exhaustif dans les plus brefs délais.
La feuille de route présidentielle est sans équivoque : fermeture immédiate des points d’embarquement clandestins, traçabilité obligatoire des embarcations, et surtout, lancement d’une vaste campagne de sensibilisation impliquant opérateurs privés et communautés riveraines. Le port obligatoire des équipements de sauvetage devient ainsi le symbole d’une nouvelle ère dans la navigation fluviale en RDC.
Mais au-delà des mesures coercitives, le chef de l’État insiste sur l’accélération du processus d’acquisition de bateaux modernes et sécurisés. Une promesse qui résonne comme un aveu des carences historiques d’un secteur vital pour l’économie et la mobilité des Congolais. La modernisation de la flotte fluviale apparaît dès lors comme le seul rempart durable contre les naufrages tragiques.
Ces annonces interviennent dans un contexte où le transport fluvial représente l’unique moyen de desserte pour des millions de Congolais. Les tragédies de l’Équateur ont brutalement rappelé la vulnérabilité d’un système où la réglementation existe mais peine à être appliquée. La navigation nocturne, pratique courante malgré les dangers, cristallise désormais l’attention des autorités.
Reste à savoir si ces mesures suffiront à enrayer l’hémorragie. La sécurité navigation fluviale en RDC nécessite une approche systémique allant bien au-delà des interdictions ponctuelles. L’appropriation collective des règles de sécurité par tous les acteurs constituera le véritable test de cette nouvelle politique.
Le gouvernement joue ici sa crédibilité sur un dossier éminemment sensible. L’échec ne serait pas seulement une défaite administrative, mais un échec humain aux conséquences dramatiques. La balle est désormais dans le camp des ministres concernés, qui devront traduire en actes concrets la volonté présidentielle affichée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net