Le tribunal militaire de garnison de Bunia a prononcé, vendredi 19 septembre, une série de condamnations sévères à l’encontre de militaires impliqués dans des crimes sexuels sur mineures. Pas moins de dix hommes en uniforme ont écopé de vingt ans de servitude pénale pour des faits de viol et kidnapping commis sur des filles âgées de 9 à 16 ans dans les localités de Mongwalu et Mambasa en avril 2024.
Ces verdicts ont été rendus à l’issue d’audiences foraines organisées avec le soutien technique et financier de l’ONG SOFEPADI et de l’UNICEF, dans le cadre d’un projet visant à renforcer l’accès à la justice pour les survivantes de violences sexuelles. La tenue de ces sessions judiciaires devant le bureau administratif du quartier Bankoko, en présence de centaines de citoyens, constitue une avancée notable dans la lutte contre l’impunité en Ituri.
Sur les dix-sept prévenus initialement déférés, une dizaine a été reconnue coupable des charges retenues contre eux. Le tribunal militaire a cependant acquitté un prévenu pour insuffisance de preuves, tandis qu’un autre, mineur au moment des faits, a été renvoyé devant la juridiction pour enfants. Cette différenciation de traitement démontre le respect des procédures judiciaires et la minutie apportée à l’examen de chaque dossier.
La matérialité des faits a été établie avec précision durant les débats : les militaires condamnés ont été reconnus auteurs de viols suivis de kidnapping sur des mineures vulnérables. Comment de tels actes ont-ils pu être perpétrés par ceux-là mêmes censés protéger la population ? Cette question, bien que rhétorique, hante les survivantes et leurs communautés.
La représentante de SOFEPADI a salué ces condamnations comme « un signal fort envoyé aux auteurs de violences sexuelles dans la région ». L’organisation, en partenariat avec l’UNICEF, œuvre depuis plusieurs années à faciliter l’accès à la justice pour les victimes tout en sensibilisant les communautés sur les droits des femmes et des enfants.
Ces audiences foraines représentent une innovation judiciaire significative dans une région où l’accès aux tribunaux reste limité pour de nombreuses victimes. La tenue des procès à proximité des lieux de vie des survivantes facilite leur participation aux procédures et renforce la visibilité de l’action judiciaire.
La lutte contre les violences sexuelles en RDC, particulièrement dans les zones de conflit comme l’Ituri, reste un défi majeur. Ces condamnations exemplaires du tribunal militaire de Bunia contribuent à restaurer la confiance des populations dans la justice militaire et à dissuader les potentiels auteurs de crimes au sein des forces armées.
Les prochaines étapes concernent l’exécution des peines prononcées et la poursuite des efforts pour garantir que justice soit rendue dans tous les cas de violence sexuelle. La collaboration entre la justice militaire congolaise et les organisations internationales apparaît comme un modèle prometteur pour combattre l’impunité.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
