La décision de la Cour constitutionnelle concernant Jean-Paul Mbwebwa Kapo, gouverneur du Kasaï-Oriental, vient de recevoir son aval exécutif. Le vice-premier ministre Jacquemin Shabani Lukoo a officialisé ce samedi 20 septembre 2025 le retour du chef de l’exécutif provincial à Mbuji-Mayi, marquant ainsi un épilogue provisoire à une crise politique aux allures de feuilleton judiciaire.
Rappelons qu’en mai dernier, l’Assemblée provinciale accusait le gouverneur de détournement de fonds d’investissement avoisinant les trois millions de dollars américains. Une procédure que l’intéressé qualifiait de « politique », dénonçant des violations manifestes de ses droits fondamentaux. La justice constitutionnelle, dans sa sagesse, lui a donné raison le 28 août dernier en invalidant les résolutions parlementaires du 13 mai 2025.
La Cour a estimé, dans son arrêt, que le droit à la défense du gouverneur avait été bafoué, ordonnant sa réhabilitation immédiate. Un verdict qui soulève des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs dans nos institutions provinciales. Jusqu’où peut aller la majorité parlementaire dans la mise en accusation d’un membre de l’exécutif ? La frontière entre contrôle politique et procédure légitime semble plus floue que jamais.
Ce retour du gouverneur Mbwebwa Kapo intervient dans un contexte où la lutte contre la corruption reste un enjeu majeur pour la crédibilité des institutions congolaises. Le détournement de fonds publics, fléau endémique qui mine le développement de la RDC, continue de défrayer la chronique. La réhabilitation politique de l’élu provincial ouvre-t-elle la voie à une véritable clarification judiciaire sur les accusations initiales ?
Certains observateurs politiques y voient un habile jeu d’échecs institutionnel. La Cour constitutionnelle, gardienne suprême de l’État de droit, a rappelé avec fermeté que les procédures doivent respecter les principes fondamentaux, même face à des accusations graves. Un message qui résonne bien au-delà du Kasaï-Oriental et qui pourrait influencer les futures pratiques politiques à l’échelle nationale.
Reste que cette affaire soulève des interrogations sur l’indépendance de la justice et la politisation des instances de contrôle. Le gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo pourra-t-il véritablement exercer sereinement son mandat après cette tempête judiciaire ? Sa réhabilitation politique sera-t-elle perçue comme une victoire de l’État de droit ou comme un habile contournement des procédures accountability ?
La balle est désormais dans le camp de l’exécutif provincial qui devra faire preuve d’une transparence absolue pour restaurer la confiance des citoyens. Le détournement de fonds publics, s’il est avéré, ne saurait rester impuni. Dans le cas contraire, cette affaire risque de créer un dangereux précédent dans la gestion de la chose publique en RDC.
Le retour du gouverneur à Mbuji-Mayi marque donc le début d’un nouveau chapitre, mais certainement pas la fin de l’histoire. Les prochains mois seront déterminants pour juger de la capacité des institutions congolaises à concilier procédures démocratiques et lutte contre la corruption. L’œil des citoyens et de la communauté internationale restera braqué sur le Kasaï-Oriental, province test de la maturité politique de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net