La visite ministérielle historique à Tenke Fungurume Mining (TFM) ce vendredi 19 septembre révèle les défis structurels paralysant le fleuron minier congolais. Le ministre des Mines, Louis Watum, effectuant sa première sortie officielle dans le Copper Belt, a été confronté aux réalités terrain d’une entreprise contribuant significativement au Trésor public tout en luttant contre des obstacles systémiques.
D’entrée de jeu, les projections présentées au ministre ont exposé les paradoxes de l’industrie minière congolaise : d’un côté, une production impressionnante de cobalt et des réalisations communautaires tangibles ; de l’autre, le fléau des creuseurs artisanaux envahissant les sites miniers. Cette dualité illustre parfaitement le défi de concilier exploitation industrielle et réalité sociale dans le Haut-Katanga.
Le directeur général de TFM, Li Leizhong, n’a pas mâché ses mots concernant les trois obstacles majeurs entravant le développement minier. Le déficit énergétique chronique apparaît comme le premier frein à l’expansion industrielle. Comment envisager une croissance soutenue lorsque l’énergie fait défaut ? Cette question cruciale interpelle tous les acteurs du secteur.
Le phénomène des creuseurs artisanaux représente un deuxième défi de taille. L’envahissement des sites miniers génère non seulement des pertes économiques substantielles mais également un climat d’insécurité persistante. La situation soulève une interrogation fondamentale : comment formaliser l’exploitation artisanale sans compromettre la viabilité des investissements industriels ?
Troisième préoccupation majeure : le climat des affaires. Les perturbations bureaucratiques entravent le déroulement normal des activités minières, affectant la compétitivité internationale de la RDC. La suspension des exportations de cobalt depuis plusieurs mois illustre cette fragilité institutionnelle.
Face à ces défis, la réponse ministérielle s’est voulue rassurante. Louis Watum a salué TFM comme « un bel exemple de ce que le minier doit faire » en matière de redistribution. Concernant le cobalt, le ministre a évoqué des mesures d’encadrement pour stabiliser les cours mondiaux. Promesse a été faite du rétablissement de l’autorité de l’État face aux incursions illégales.
La descente à la mine géante de Fungurume et à l’usine 30K a permis au ministre d’échanger directement avec le personnel. Cet aspect humain rappelle que derrière les chiffres de production se trouvent des travailleurs dont le bien-être conditionne la performance globale.
Au-delà des discours, cette visite ministérielle soulève des questions fondamentales pour l’avenir du secteur minier congolais. Le déficit énergétique pourra-t-il être résolu sans investissements massifs dans les infrastructures ? Les solutions apportées aux creuseurs artisanaux seront-elles suffisamment inclusives ? Le climat des affaires parviendra-t-il à se stabiliser pour attirer les investissements nécessaires ?
La conclusion du ministre appelle à la responsabilité partagée de tous les acteurs. Une évidence qui masque la complexité des équilibres à trouver entre intérêts industriels, attentes sociales et impératifs de développement national. Le secteur minier congolais, véritable colonne vertébrale de l’économie nationale, se trouve à un carrefour décisif où chaque décision impactera durablement sa trajectoire.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd