Dans un geste de haute portée symbolique, le secrétaire général de l’UDPS/Tshisekedi, Augustin Kabuya, a officiellement scellé la réconciliation au sein du parti présidentiel après des mois de tensions fratricides. Cette sortie médiatique intervient au lendemain d’une médiation directe du chef de l’État Félix Tshisekedi, qui a personnellement supervisé le rapprochement entre les factions rivales.
La crise UDPS, née d’une tentative de destitution controversée d’Augustin Kabuya en août 2024, avait paralysé les instances du parti et jeté une ombre sur la crédibilité de la formation au pouvoir. Les accusations mutuelles de mauvaise gestion et les luttes d’influence avaient atteint un point de rupture, nécessitant l’intervention de l’autorité morale suprême : le président Tshisekedi lui-même.
La rencontre de la Cité de l’Union Africaine, tenue dans la nuit du 19 au 20 septembre, marque un tournant décisif dans cette médiation Tshisekedi. En présence de cadres éminents comme Peter Kazadi et Jacquemain Shabani, le chef de l’État a imposé une trêve et un retour à la raison politique. Le compromis trouvé? Maintenir Kabuya comme secrétaire général assisté de son rival Deo Bizibu Balola, en attendant un congrès déterminant prévu pour décembre 2025.
Dans son allocution, Augustin Kabuya a fait preuve d’une rhétorique habile, mêlant références historiques et appel à l’unité. « Mon frère Secrétaire Général Adjoint Deo Bizibu Balola et moi-même avons choisi de tourner cette page sombre en empruntant la voie de la sagesse pour le bien commun », a-t-il déclaré, dans un langage qui n’est pas sans rappeler les discours de réconciliation nationale. N’est-ce pas là une stratégie calculée pour restaurer l’image écornée du parti?
La référence à l’héritage d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba et la comparaison des divisions internes aux conflits armés qui ont ravagé la RDC montrent à quel point la réconciliation parti présidentiel est érigée en priorité absolue. Kabuya n’a pas hésité à puiser dans la symbolique douloureuse du 20 septembre, date anniversaire du massacre de militants UDPS en 2016, pour appuyer son plaidoyer pour l’unité.
Mais au-delà des discours et des gestes de contrition, cette unité UDPS/Tshisekedi retrouvée tiendra-t-elle dans la durée? Les défis restent immenses : organisation du congrès de décembre 2025, gestion des ambitions personnelles, et préparation des prochains scrutins dans un contexte politique toujours volatile. La médiation présidentielle a certes apaisé les tensions immédiates, mais elle n’a pas résolu les causes structurelles de cette crise.
Le véritable test sera la capacité d’Augustin Kabuya et Deo Bizibu à travailler main dans la main, au-delà des simples déclarations d’intention. Le président Tshisekedi, en arbitre suprême, devra rester vigilant pour éviter que les vieux démons ne resurgissent. La stabilité du parti présidentiel est cruciale pour la gouvernance du pays, et cette réconciliation, si elle est sincère, pourrait redonner du souffle à l’action gouvernementale.
Reste à savoir si cette paix fragile survivra aux prochaines batailles internes et aux échéances électorales à venir. L’UDPS/Tshisekedi parviendra-t-il à transformer cette trêve en union durable, ou assiste-t-on simplement à une pause stratégique avant de nouvelles turbulences? L’avenir le dira, mais pour l’instant, le parti respire à nouveau.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd