La suspension conservatoire de Ngoma Mbaki Leonard, directeur général de la Régie des Voies Aériennes (RVA), par la ministre du Portefeuille, intervient dans un contexte où les dysfonctionnements des infrastructures aéroportuaires congolaises atteignent un point critique. Cette décision administrative, lue sur les ondes de la RTNC, fait suite à l’incident électrique survenu à l’aéroport international de N’Djili qui a retardé l’atterrissage de l’avion présidentiel. Mais au-delà de l’épisode spectaculaire, ne s’agit-il pas d’un révélateur des failles structurelles qui minent la gestion aéroportuaire nationale ?
L’incident de N’Djili, survenu en début de semaine, a exposé au grand jour la vulnérabilité des installations critiques placées sous la responsabilité de la RVA. La coupure d’électricité, bien que de courte durée, a paralysé les opérations aéroportuaires et compromis la sécurité aérienne, affectant non seulement le vol présidentiel mais également plusieurs vols commerciaux. Cet événement soulève des questions fondamentales sur la maintenance préventive et la modernisation des infrastructures aéroportuaires en RDC.
La ministre du Portefeuille justifie cette suspension de trois mois par la nécessité de mener des investigations approfondies sur les circonstances de l’incident. Cette mesure conservatoire, classique dans l’arsenal administratif, permet d’écarter temporairement le directeur général tout en préservant les droits de la défense. Cependant, on peut s’interroger sur le timing et la portée symbolique d’une telle décision : s’agit-il d’une simple mesure technique ou d’un message politique plus large sur l’exigence de redevabilité dans la gestion publique ?
Le contexte dans lequel intervient cette suspension mérite analyse. La RVA fait face depuis plusieurs années à des critiques récurrentes concernant la fiabilité des infrastructures et la sécurité aérienne. Les observateurs noteront d’ailleurs que Ngoma Mbaki Leonard avait lui-même récemment suspendu le commandant de l’aéroport international de N’Djili, créant ainsi une cascade administrative qui interroge sur la chaîne de responsabilités. Cette situation pose inévitablement la question de l’efficacité des mécanismes de gouvernance au sein de l’entreprise publique.
L’intérim assuré par l’adjoint du directeur général suspendu offre une continuité technique mais ne résout pas les problèmes structurels. La RVA, pilier essentiel du transport aérien en RDC, nécessite une réforme en profondeur qui dépasse les simples changements d’homme. La modernisation des équipements, la formation du personnel et l’allocation de ressources adéquates constituent des impératifs non négociables pour garantir la sécurité et l’efficacité des operations aéroportuaires.
Cet incident révélateur pose également la question plus large de la gestion des entreprises publiques en RDC. Le portefeuille de l’État compte de nombreuses entités stratégiques qui requièrent une gouvernance exemplaire et transparente. La suspension du DG de la RVA pourrait ainsi constituer un précédent significatif dans l’approche ministérielle concernant la responsabilisation des dirigeants d’entreprises publiques.
Alors que les enquêtes se poursuivent, l’attention se porte désormais sur les conclusions qui seront tirées de cet incident et les mesures correctives qui seront implementées. La crédibilité du secteur aérien congolais et la sécurité des passagers dépendent de la capacité des autorités à transformer cet épisode regrettable en opportunité de réforme structurelle. Le ministre du Portefeuille joue ici un rôle crucial dans l’équilibre entre sanction administrative et vision stratégique de modernisation.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd