La province éducationnelle Nord-Kivu 3 traverse une crise sans précédent depuis le début de l’année scolaire 2025-2026. Alors que les établissements scolaires devraient être le théâtre des apprentissages, c’est plutôt le spectre des grèves qui plane sur les salles de classe. Après les enseignants de Walikale qui maintiennent leur mouvement de protestation, c’est au tour des professionnels de l’enseignement du territoire de Masisi de brandir la menace d’un arrêt de travail.
Comment expliquer cette situation qui met en péril l’éducation de milliers d’enfants ? La réponse se trouve dans les cinq mois d’arriérés de salaire que subissent ces enseignants, dont le paiement incombe à la Caritas Développement Goma. Bandu Bauma Exaucé, secrétaire provincial du SYNAPE Nord-Kivu 3, ne mâche pas ses mots : « Ce non-paiement témoigne d’un manque de considération envers les enseignants de Masisi qui font preuve d’un esprit patriotique en encadrant les enfants bien qu’ils ne soient pas payés. »
Face à cette impasse, le syndicat a décidé de passer à l’offensive en accordant un ultimatum d’une semaine à l’organisation caritative. La semaine prochaine pourrait donc marquer le début d’une grève illimitée si aucune solution n’est trouvée. Une perspective alarmante pour un système éducatif déjà fragilisé par des années de conflits et d’instabilité dans la région.
Quelles sont les conséquences réelles de ces mouvements sociaux sur le paysage éducatif du Nord-Kivu 3 ? Les établissements scolaires de Masisi risquent de se retrouver paralysés, privant ainsi des milliers d’élèves de leur droit fondamental à l’éducation. Cette situation intervient dans un contexte où la région tente péniblement de reconstruire son système éducatif après des années de turbulence.
La grève des enseignants à Masisi soulève des questions plus profondes sur le financement de l’éducation dans les zones conflictuelles. Comment assurer la continuité éducative lorsque les acteurs principaux ne perçoivent pas régulièrement leurs salaires ? Le cas de la Caritas Développement Goma illustre les difficultés rencontrées par les organisations qui tentent de pallier les carences de l’État dans le secteur éducatif.
Les professionnels de l’enseignement, through leur syndicat SYNAPE, espèrent que cet ultimatum servira de électrochoc pour résoudre définitivement ce problème récurrent des arriérés de salaire. La balle est désormais dans le camp de la Caritas Développement Goma, dont la réaction déterminera l’avenir immédiat de l’éducation dans le territoire de Masisi.
Cette crise des arriérés salariaux des enseignants dans le Nord-Kivu 3 n’est malheureusement pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une problématique plus large de valorisation de la profession enseignante en République Démocratique du Congo. Combien de temps encore devrons-nous assister à ce spectacle désolant d’éducateurs obligés de se mettre en grève pour réclamer le fruit de leur travail ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd