Le contentieux opposant l’organisation Miss Universe RDC à l’ancienne lauréate Déborah Djema s’est transporté devant les autorités judiciaires de Kinshasa. Une plainte officielle a été déposée auprès du Procureur Général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe, marquant une escalade significative dans ce différend né de la destitution controversée de la Miss Universe RDC 2025.
Selon le document consulté par notre rédaction, les conseils de Maître Djema accusent formellement Madame Anado Nadal Kabika, Directrice générale de Miss Universe RDC, et Mademoiselle Dorcas Dienda Kasinde, actuelle détentrice de la couronne, de plusieurs infractions au code pénal congolais. La plainte évoque notamment des charges de « rétention illicite des insignes » et de « port illégal des décorations », des infractions prévues et punies par l’ordonnance du 14 février 1959 et le code pénal congolais.
Les avocats de l’ancienne miss affirment dans leur réquisitoire que leur cliente « ne sachant pas à quel Saint se vouer et ne voulant pas se faire justice à elle-même » a sollicité l’intervention des autorités judiciaires pour que les prévenues « soient interpellées par vos services aux fins d’y être entendues des faits mis à leur charge et au besoin les contraindre à restituer les insignes qui lui appartiennent de droit ».
Cette démarche juridique intervient après l’échec des négociations contractuelles entre les parties. Lors d’une conférence de presse tenue le 6 septembre dernier, l’organisation Miss Universe RDC avait justifié sa décision par l’urgence de se conformer aux critères internationaux pour éviter le retrait de la licence d’organisation au pays.
Luc Kayembe, Directeur général adjoint de Miss Universe DRC, avait déclaré lors de cette conférence : « La décision prise était pour se conformer aux critères internationaux pour que le Congo ne perde pas sa licence. Je rappelle que ce n’est pas nous qui avons mis la Miss dehors. La dernière rencontre avec les avocats, nous sommes partis pour envoyer notre amendement afin qu’elle signe. Mais la Miss a quitté l’hôtel sans conformité avec nous ».
Le cœur du litige réside dans la répartition des revenus durant l’année de règne. L’organisation défend un partage 30% pour la miss et 70% pour l’organisation, arguant que la prise en charge complète (voyages, logement, formations, vêtements) est assumée intégralement par Miss Universe. La question se pose alors : cette répartition est-elle équitable au regard des engagements réciproques ?
Les avocats de Déborah Djema contestent vigoureusement la procédure suivie, qualifiant la destitution de leur cliente d’acte unilatéral et illégal. Ils affirment que « quelques jours seulement après sa victoire, notre cliente sera invitée par l’organisateur qui, après avoir utilisé la ruse lui a ravi tous les insignes liés à son statut ».
L’organisation, de son côté, maintient que le remplacement de la lauréate par une candidate n’ayant pas participé au concours – en l’occurrence Dorcas Dienda – s’inscrit dans le cadre des procédures prévues par les normes de Miss Universe Internationale. Cette affirmation sera-t-elle suffisante pour convaincre les autorités judiciaires congolaises ?
Le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe devra maintenant se prononcer sur la recevabilité de la plainte et décider de l’opportunité d’engager des poursuites contre les personnes mises en cause. Cette affaire pourrait créer un précédent important dans le domaine des concours de beauté en République Démocratique du Congo et au-delà.
Les enjeux dépassent le simple conflit contractuel : il s’agit de déterminer si les règles internationales de Miss Universe peuvent prévaloir sur le droit congolais en matière de protection des droits des lauréates. La justice kinoise se trouve ainsi confrontée à un cas complexe mêlant droit des contrats, droit pénal et respect des standards internationaux des concours beauté RDC.
L’issue de cette affaire sera observée avec attention par l’ensemble de l’industrie des concours de beauté en Afrique, tant les implications juridiques pourraient redéfinir les relations entre organisations et lauréates. La crédibilité même du concours Miss Universe RDC et son avenir dans le pays pourraient en dépendre.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd