Le grondement sourd de l’effondrement a résonné comme un coup de tonnerre dans la vallée de la Lwizi. Depuis ce mercredi maudit, le pont qui reliait les territoires de Nyunzu et Kabalo n’est plus qu’un amas de ferraille tordu baignant dans les eaux boueuses de la rivière. Comment une infrastructure vitale a-t-elle pu céder sous le poids d’un seul camion ? La question hante désormais les milliers d’habitants condamnés à l’isolement.
« C’est une catastrophe pour nous tous », témoigne un résident de Lwizi, la voix empreinte d’amertume. « Nos frères de Kabalo dépendent de cette route pour leur survie. Le train ne passe qu’une ou deux fois par mois – comment vont-ils recevoir les médicaments, la nourriture, le sel ? »
L’effondrement du pont Lwizi révèle une vérité crue : l’état délabré des infrastructures routières en RDC condamne des populations entières à la précarité. Le territoire de Tanganyika, déjà éprouvé par des années de conflits, se retrouve amputé de sa principale artère économique. L’administrateur du territoire de Kabalo, Prince Sengo, alerte sur les conséquences dramatiques de cette rupture : « Nous sommes coupés du monde. Sans cette route, c’est tout notre approvisionnement qui est compromis ».
Le drame aurait pourtant pu être évité. Selon des sources locales, l’entreprise Malta Forrest, constructrice de l’ouvrage, avait expressément interdit le passage des poids lourds, anticipant un effondrement imminent. Pourquoi les autorités n’ont-elles pas pris les mesures qui s’imposaient ? Pourquoi avoir ignoré les multiples alertes sur la vétusté de cette infrastructure cruciale ?
Des camions chargés de denrées essentielles s’accumulent désormais sur les berges de la rivière, impuissants. Le sel de Kabalo, précieuse ressource pour toute la région, ne peut plus être acheminé. Les produits manufacturés en provenance de Kalemie restent bloqués. Cette rupture illustre tragiquement le cercle vicieux du sous-développement : sans routes dignes de ce nom, comment espérer un développement économique ?
L’isolement du territoire Tanganyika n’est pas qu’une inconvenience – c’est une condamnation à la précarité. Combien de vies seront affectées par cette coupure ? Combien de commerces vont péricliter ? Combien de patients privés de soins urgents ? La question de l’infrastructure routière en RDC dépasse largement le simple problème technique : elle engage la dignité et la sécurité de millions de citoyens.
Alors que les autorités provinciales restent silencieuses, la population, elle, fait face avec une résignation teintée de colère. Le pont Lwizi rejoindra-t-il la longue liste des infrastructures abandonnées à leur sort ? Ou deviendra-t-il le symbole d’une prise de conscience tant attendue sur l’urgence d’investir dans les routes congolaises ?
Une chose est certaine : derrière les débris du pont gisent les espoirs brisés de toute une région. L’effondrement ne serait pas qu’une structure de béton – c’est le développement même de la RDC qui tremble sur ses bases.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
