Le Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa vibre à nouveau au rythme des mots et de la création. Comme chaque septembre, la rentrée littéraire congolaise ouvre ses portes, mais cette neuvième édition revêt une signification particulière, teintée d’hommage et d’espoir. Sous le thème évocateur « Voix de femmes, écho de résilience : quand la littérature bâtit la paix », l’événement transforme l’espace culturel en sanctuaire de mémoire et de résistance.
Yolande Elebe Ma Ndembo, ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, a inauguré cette édition avec une gravité mesurée. Sa présence ne se limitait pas à un simple protocolaire ; elle incarnait l’engagement institutionnel en faveur d’une littérature qui soigne, qui libère et qui construit. Dans son discours, la ministre a souligné le rôle fondamental du livre comme « outil puissant de développement, de sensibilisation et de paix ». Des paroles qui résonnent comme un manifeste dans un pays où les récits peinent parfois à émerger des tumultes de l’histoire.
L’hommage aux femmes de l’Est de la République Démocratique du Congo plane sur l’ensemble des manifestations. Leur courage, leur force face à l’adversité, leurs silences et leurs paroles deviennent matière littéraire, source d’inspiration pour une génération d’écrivains et de lecteurs. La rentrée littéraire 2025 ne se contente pas de célébrer des œuvres ; elle sanctifie des vies, des combats souvent tus, des résiliences invisibles.
Parmi les temps forts de cette inauguration, le baptême de « Kulumbimbi », œuvre de l’auteur congolais Bayuwa di-Mvuezolo, a offert un moment de grâce collective. Comme une offrande aux femmes de l’Est, ce livre devient le symbole d’une littérature qui embrasse à la fois la tradition et la modernité, la douleur et l’espérance. La ministre elle-même a présidé cette cérémonie de baptême, conférant à l’ouvrage une légitimité à la fois institutionnelle et symbolique.
Au-delà des hommages et des célébrations, Yolande Elebe a également annoncé des avancées majeures dans la Politique nationale du livre, renforcée par la loi sur les principes fondamentaux relatifs à la Culture et aux Arts. Ces mesures dessinent les contours d’un écosystème littéraire plus structuré, plus visible, capable de porter la voix congolaise bien au-delà des frontières nationales. La rentrée littéraire devient ainsi le laboratoire d’une renaissance culturelle, où le livre sert à la fois de miroir et de projecteur.
Mais comment la littérature peut-elle véritablement « bâtir la paix » ? La question, bien que rhétorique, trouve des réponses dans les allées du Centre Wallonie-Bruxelles, où les visiteurs déambulent entre les stands, feuillettent les ouvrages, échangent avec les auteurs. Ici, chaque livre devient une promesse de dialogue, chaque récit une main tendue vers l’autre. La culture n’est pas un divertissement ; elle est un acte de résistance, une forme douce mais déterminée de militantisme.
Alors que le soleil décline sur Kinshasa, la rentrée littéraire continue de bruisser de conversations, de débats, de lectures à voix haute. L’événement dépasse le simple cadre culturel pour devenir un espace de réflexion collective, où la République Démocratique du Congo se regarde, se questionne et se rêve autrement. Grâce à des initiatives comme celle-ci, portée par une vision ministérielle claire, la littérature congolaise affirme sa place sur la scène internationale, non comme une curiosité exotique, mais comme une voix essentielle, urgente, universelle.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc