Au cœur de Kinshasa, une exposition photographique puissante donne la parole à celles qui construisent la paix au quotidien. « Regards croisés », organisée du 18 au 29 septembre, a transformé l’espace d’exposition en tribune d’engagement féminin pour la stabilité et la réconciliation en République démocratique du Congo.
Comment ignorer l’impact de ces femmes qui, à travers leurs témoignages visuels, revendiquent leur place dans le processus de paix ? Leurs portraits, plus que de simples images, deviennent des manifestes silencieux mais éloquents. Soutenue par la MONUSCO et le festival Photoville, cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale de la paix, célébrée chaque année le 21 septembre.
La cheffe de la MONUSCO, Bintou Keïta, a lancé un appel vibrant aux participants : « Je nous invite à renouveler notre engagement en faveur de la paix, de la réconciliation et de la cohésion nationale pour le bien du peuple congolais. Je vous invite à voir dans chaque portrait une manière concrète de bâtir le vivre-ensemble ».
Derrière chaque cliché se cache une histoire, une lutte, une espérance. Les visiteurs, visiblement émus, parcourent les allées en silence, comme saisis par la gravité des messages portés par ces images. Une étudiante en droit, venue par curiosité, confie : « Je ne m’attendais pas à être autant touchée. Ces photos racontent notre pays mieux que des discours ».
La photographe Do Nsoseme, dont le travail participe à cette exposition exceptionnelle, insiste sur l’importance cruciale de la participation des femmes dans les processus de paix inclusifs : « La paix n’est pas l’affaire d’un seul groupe, mais de tout le monde. Je pense que si les femmes sont présentes à tous les niveaux, cela permettra de mettre en place des processus de paix inclusifs, qui tiennent compte des différentes réalités ».
Cette exposition à Kinshasa représente bien plus qu’un événement culturel. Elle symbolise la détermination des femmes congolaises à prendre leur destin en main, à s’imposer comme actrices incontournables de la reconstruction nationale. Leur engagement dépasse le simple symbole pour devenir une force tangible de changement.
Qu’adviendrait-il si ces voix étaient enfin écoutées ? Si leur expertise en matière de résolution des conflits et de cohésion sociale était pleinement intégrée aux mécanismes décisionnels ? L’exposition pose ces questions cruciales sans détour, invitant le public à une réflexion profonde sur les modèles de leadership et de participation citoyenne.
Alors que la RDC continue de faire face à d’immenses défis sécuritaires et politiques, l’initiative de la MONUSCO et de Photoville ouvre une brèche d’espoir. Elle démontre que la réconciliation passe nécessairement par l’inclusion de toutes les composantes de la société, particulièrement celles trop longtemps marginalisées.
L’exposition « Regards croisés » ne se contente pas de montrer des images – elle construit des ponts. Entre les communautés, entre les générations, entre les visions d’un avenir commun. Elle rappelle que la paix n’est pas un état passif, mais un combat quotidien qui nécessite l’engagement de tous.
Alors que les visiteurs quittent les lieux, une question persiste : saurons-nous collectivement transformer cette prise de conscience en action concrète ? La réponse appartient désormais à l’ensemble de la société congolaise, appelée à reconnaître et valoriser l’indispensable contribution des femmes à l’édification d’une paix durable.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net