Dans la province du Maniema, une crise silencieuse frappe l’éducation des enfants les plus vulnérables. Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 devait marquer un nouveau départ, elle sonne plutôt comme un glas pour des dizaines d’orphelins du VIH/Sida. Le groupe scolaire Saint Martin, qui les accueillait gratuitement depuis 2014, fait face à une désertion massive : de 67 élèves l’année dernière, seulement 14 ont repris le chemin de l’école.
Comment expliquer cette hémorragie scolaire ? La réponse tient en trois mots : manque de fournitures scolaires. Ces kits essentiels, comprenant cahiers, stylos et uniformes, représentent un obstacle insurmontable pour des familles déjà éprouvées par la maladie et le deuil. Alimasi Kiyana, préfet des études de l’établissement, ne cache pas son inquiétude : « Chaque rentrée scolaire, ces enfants rencontrent des difficultés pour obtenir les kits scolaires. Nous voulons qu’ils reprennent le chemin de l’école comme tous les autres ».
Derrière les statistiques se cachent des destins brisés. Bora Baruani Simon, 13 ans, élève en huitième année, témoigne avec une maturité qui fait mal : « Je ne vais pas à l’école parce que je n’ai rien comme fournitures scolaires. Pendant que mes amis étudient, je reste à la maison ». Sa voix, pleine d’une sagesse trop précoce, appelle à l’aide pour retrouver les bancs de l’école.
Le groupe scolaire Saint Martin représente pourtant un modèle de solidarité scolaire en RDC. Depuis onze ans, grâce à son fondateur Miani Bikenge Thomas, l’établissement assume intégralement les frais de scolarité de ces orphelins. Mais face à l’ampleur des besoins, les ressources de l’école s’épuisent. La situation appelle une mobilisation urgente des acteurs humanitaires et des autorités éducatives.
Au-delà de la précarité matérielle, l’école elle-même lutte pour sa survie. Les érosions menacent ses infrastructures, ajoutant une vulnérabilité physique à la précarité financière. Cette double menace met en péril un sanctuaire éducatif qui représentait le dernier rempart contre la marginalisation totale de ces enfants.
Que deviendront ces jeunes privés d’éducation ? Comment la province du Maniema peut-elle garantir le droit fondamental à l’instruction pour tous ses enfants ? La réponse à ces questions dépasse le cadre strict de l’école Saint Martin et engage toute la communauté nationale. La solidarité scolaire au Congo fait face à un test crucial, où l’avenir de dizaines d’enfants se joue dans l’accès à de simples cahiers et crayons.
Alors que la RDC cherche à améliorer son système éducatif, le cas des orphelins du VIH/Sida au Maniema rappelle cruellement que les fournitures scolaires restent un luxe inaccessible pour beaucoup. Sans solution durable, c’est toute une génération qui risque de sombrer dans l’analphabétisme, perpétuant le cycle de la pauvreté et de l’exclusion.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net