À Matadi, la colère gronde sur le tronçon Mikondo. Chaque jour, des motocyclistes risquent leur vie sur cette route délabrée qui relie le Rond-point Mikondo aux avenues Kinshasa et Landu. « Je transporte des passagers qui ignorent qu’ils signent un pacte avec le danger à chaque trajet », témoigne un conducteur, les mains tremblantes après une nouvelle chute.
La situation est devenue intenable dans cette artère vitale de la commune de Mvuzi. Les nids-de-poule transforment le parcours en un véritable champ de mines urbain. Combien de fractures, de blessures graves faudra-t-il encore déplorer avant que les autorités ne réagissent ? La question hante tous les usagers de cette route dégradée à Matadi.
Les accidents motocyclistes dans le Kongo Central atteignent ici des proportions alarmantes. Des témoins racontent avoir assisté à plusieurs accidents en une seule journée. « C’est devenu une routine macabre », soupire une riveraine qui habite près de la mission kimbanguiste. « On entend les cris, les chocs, et on sait que quelqu’un vient de tomber ».
Le tronçon Mikongo représente pourtant un axe crucial pour la mobilité urbaine. Il dessert des lieux de culte majeurs comme l’église catholique Saint Gérard et la mission kimbanguiste, sans oublier la place Momo, cœur battant des activités commerciales locales. Sa dégradation avancée paralyse progressivement la vie économique et sociale du quartier.
Les motocyclistes, premières victimes de cette incurie, lancent un cri d’alarme au maire Dominique Nkodia Mbete et au gouvernement provincial. Leur demande est simple : une réhabilitation urgente de cette voie avant que le pire ne se produise. « Nous transportons des enfants, des femmes, des travailleurs », insiste un conducteur expérimenté. « Chaque jour qui passe sans intervention nous rapproche du drame ».
La frustration est d’autant plus vive que des promesses avaient été faites. En début d’année 2024, la mairie avait déposé des concassés et du sable, laissant espérer un bétonnage prochain. Mais depuis, plus rien. Les matériaux se sont dispersés, les trous se sont agrandis, et l’espoir a cédé la place à l’amertume.
Cette situation pose des questions fondamentales sur la sécurité routière en RDC. Comment expliquer que des axes aussi stratégiques puissent être abandonnés à ce point ? Jusqu’à quand les populations devront-elles subir l’inertie des autorités face à des infrastructures pourtant vitales pour leur quotidien ?
La réhabilitation du tronçon Mikondo devient ainsi un test pour les autorités locales et provinciales. Leur capacité à répondre aux urgences citoyennes est scrutée par une population qui ne demande qu’à circuler en sécurité. Les motocyclistes de Matadi attendent désormais des actes concrets, car chaque jour perdu signifie de nouvelles victimes sur cette route de tous les dangers.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
