Les victimes des conflits armés dans la province de la Tshopo manifestent une inquiétude croissante quant à la suspension des activités du Fonds de réparation des indemnisations des victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC (FRIVAO RDC). Cette institution, cruciale pour la réparation des préjudices subis, connaît un blocage administratif qui retarde indéfiniment l’indemnisation des personnes affectées par les guerres successives.
Lors d’un rassemblement organisé mardi 16 septembre à la Place des Martyrs de Kisangani, le comité de crise des victimes a restitué les échanges tenus avec le procureur général près la Cour de cassation. Les participants ont exprimé leur profonde préoccupation concernant la gestion du FRIVAO et la situation juridique de son coordonnateur intérimaire, Chançard Bolokola, détenu depuis plus de cinquante jours sans avoir été présenté devant son juge naturel.
Cette arrestation intervient dans un contexte particulier, alors qu’une délégation de l’Inspection générale des finances (IGF) menait justement un audit sur la gestion du FRIVAO. Le comité Kalegamire, représentant les victimes, affirme avoir fourni au parquet des éléments substantiels concernant la gestion tant du comité intérimaire que de son prédécesseur. Ces documents mettraient en lumière des irrégularités potentielles dans l’administration des fonds destinés à la réparation des victimes.
Jean Kalegamire, porte-parole du comité, a formulé trois attentes précises : la libération immédiate du coordonnateur intérimaire, la relance urgente des activités du FRIVAO sur l’ensemble du territoire concerné, et la poursuite judiciaire de toute personne impliquée dans d’éventuelles malversations financières. « L’argent des victimes doit être protégé avec la plus grande vigilance », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de respecter scrupuleusement les lois de la République.
Le procureur général Firmin Mvonde, avant son retour à Kinshasa, a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie sur la gestion du FRIVAO. Il a promis que toutes les personnes compromises dans cette affaire feraient l’objet de poursuites judiciaires sans exception. Cette déclaration répond aux préoccupations légitimes des victimes qui attendent depuis trop longtemps une réparation juste et équitable.
La situation actuelle du FRIVAO RDC soulève des questions fondamentales sur la protection des droits des victimes de conflits armés et la transparence dans la gestion des fonds publics. Comment garantir que les processus de réparation respectent effectivement les droits des personnes affectées ? Quelle mécanique de contrôle peut prévenir les détournements de fonds destinés aux plus vulnérables ?
L’enquête annoncée par le parquet constituera un test crucial pour la justice congolaise dans son combat contre l’impunité et pour la protection des victimes de guerre. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir du FRIVAO et, surtout, pour les milliers de victimes qui attendent légitimement réparation et justice.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net