La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF) franchit un cap décisif dans son processus d’intégration économique. Lors de la 17ᵉ réunion du Conseil des ministres du Commerce tenue en Égypte, les représentants de 54 nations africaines, dont la République Démocratique du Congo par son ministre Julien Paluku Kahongya, ont adopté des règles d’origine ambitieuses pour les secteurs automobile et textile.
Ces nouvelles régulations, particulièrement strictes dans l’automobile avec un seuil de 60% de contenu local requis, constituent une véritable révolution industrielle pour le continent. Comment l’Afrique peut-elle transformer cette mesure technique en levier de développement concret ? La réponse réside dans la volonté politique affichée de créer des chaînes de valeur régionales plutôt que de perpétuer l’exportation de matières premières brutes.
Le ministre congolais Julien Paluku a souligné l’importance stratégique de ces décisions pour la RDC. « Ces résolutions permettent à notre pays et à l’ensemble du continent de cesser d’être de simples marchés pour d’autres économies », a-t-il déclaré. Une position d’autant plus cruciale que les tensions commerciales internationales, notamment les politiques américaines sous l’ère Trump, fragilisent les accords préférentiels comme l’AGOA.
Avec un marché potentiel de 1,4 milliard de consommateurs, la ZLECAF représente un pivot essentiel pour l’industrialisation africaine. Les règles d’origine adoptées fonctionnent comme un rempart contre la simple assembly de composants importés, exigeant une véritable transformation locale. Cette approche devrait stimuler les investissements dans les capacités de production nationales et régionales.
Pour la RDC, riche en minerais stratégiques pour l’industrie automobile moderne (cobalt, lithium, cuivre), cette décision ouvre des perspectives inédites. Le pays pourrait ainsi valoriser localement ses ressources minérales plutôt que de les exporter sous forme brute. Une opportunité de diversification économique qui s’inscrit parfaitement dans la vision du gouvernement congolais.
La mise en œuvre effective de ces règles nécessitera cependant un renforcement des capacités productives et une coordination douanière sophistiquée. Le démantèlement tarifaire progressif devra s’accompagner de politiques industrielles nationales cohérentes avec les objectifs continentaux.
À moyen terme, ces mesures pourraient redistribuer les cartes de la compétitivité industrielle en Afrique. Les pays qui sauront développer des écosystèmes industriels intégrés tireront le meilleur parti de ce marché commun émergent. La RDC, par sa position géostratégique et ses ressources, dispose d’atouts considérables pour jouer un rôle central dans cette nouvelle architecture économique continentale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net