À Kinshasa, l’approche de la saison des pluies suscite l’inquiétude des autorités et des habitants. Le gouvernement provincial a lancé un avertissement ferme aux sinistrés des inondations d’avril dernier : il leur est interdit de regagner leurs habitations dans les zones autrefois inondées. Une décision qui soulève des questions cruciales sur la sécurité des populations et les solutions durables face aux catastrophes naturelles.
« À l’approche des fortes pluies de cette saison, l’exécutif provincial déplore que les sinistrés des pluies d’avril dernier, profitant de la décrue et de la saison sèche, aient regagné leurs domiciles situés dans les zones inondables », a déclaré Janon Canon Larose, porte-parole du gouvernement provincial. Un constat alarmant, alors que les pluies diluviennes de juin dernier ont causé la mort d’au moins 29 personnes et provoqué d’importants dégâts matériels dans plusieurs communes de la capitale.
Mais pourquoi ces familles retournent-elles dans des zones à risque ? La réponse est complexe, tant les réalités socio-économiques pèsent lourd dans les choix des sinistrés. Les indemnisations perçues, bien que destinées à permettre une relocalisation dans des zones sûres, semblent insuffisantes face à la crise du logement qui frappe Kinshasa. Comment expecter des familles déplacées de trouver un habitat décent dans une ville où l’offre locative dépasse souvent leurs moyens ?
Les communes de Ngaliema, Masina, Lemba et Matete, parmi les plus touchées par les inondations, illustrent ce dilemme cruel. D’un côté, des autorités qui brandissent la menace des responsabilités individuelles en cas de nouveau sinistre. De l’autre, des populations coincées entre la précarité et les dangers naturels. Où doivent-elles aller si les alternatives proposées restent inaccessibles ?
La situation met en lumière les défis structurels auxquels fait face la capitale congolaise. L’urbanisation anarchique, le manque d’infrastructures d’assainissement et la vulnérabilité des zones habitées amplifient l’impact des intempéries. Les inondations à Kinshasa ne sont pas une fatalité, mais bien le résultat de politiques urbaines défaillantes et d’une planification à revoir d’urgence.
Le gouvernement provincial insiste sur la nécessité de respecter les engagements pris par les sinistrés de ne pas retourner dans ces zones à risque. Pourtant, sans solutions pérennes et abordables, ces avertissements risquent de rester lettre morte. Comment concilier sécurité des populations et réalité socio-économique ? La question demeure entière, alors que les premières gouttes de la nouvelle saison des pluies pourraient tomber d’un moment à l’autre.
La prévention des risques reste l’enjeu majeur. Sensibilisation, aménagement du territoire, renforcement des infrastructures… Les pistes ne manquent pas, mais leur mise en œuvre demande une volonté politique et des moyens à la hauteur des défis. Les sinistrés des inondations à Kinshasa attendent plus que des interdictions : ils réclament des alternatives viables pour reconstruire leur vie loin des dangers des zones inondables.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net