Le gouvernement de la République démocratique du Congo vient de prendre une décision économique majeure qui marquera un tournant dans la politique commerciale du pays. Le moratoire autorisant les étrangers à exercer dans le secteur du petit commerce ne sera pas renouvelé à son expiration en novembre 2025, conformément à l’annonce officielle du vice-Premier ministre Daniel Mukoko Samba.
Cette décision s’inscrit dans le strict respect de la loi petit commerce 1973, texte législatif fondamental qui réserve exclusivement cette activité aux nationaux congolais. Le ministre de l’Économie nationale a souligné lors d’une rencontre avec les opérateurs économiques à Kinshasa que les décrets successifs ayant instauré le moratoire avaient progressivement dilué l’esprit même de la loi originelle.
« Nous avons une loi dans le pays qui date de 1973. Cette loi réserve le petit commerce aux Congolais. Mais dans l’application, cette loi pose un certain nombre de problèmes », a expliqué Daniel Mukoko Samba. Le gouvernement actuel entend mettre fin à cette pratique dérogatoire qui perdurait depuis plusieurs années, marquant ainsi un retour aux fondamentaux législatifs.
Cette mesure s’accompagnera d’une réforme législative approfondie visant à clarifier la définition même du petit commerce et à éliminer toute ambiguïté interprétative. « Il faut une loi moderne, claire et applicable, qui ne laisse plus place aux interprétations », a insisté le ministre. Cette future législation devrait ainsi définir précisément les contours des activités réservées aux nationaux, mettant fin aux zones grises ayant permis à des étrangers d’opérer dans des secteurs théoriquement protégés.
Cette décision s’inscrit dans une vision plus large de diversification économie Congo, objectif prioritaire du gouvernement Tshisekedi. Le ministre a rappelé les trois missions phares confiées par le chef de l’État : la lutte contre la vie chère, la relance de la production locale RDC et la formalisation économie informelle. Comment atteindre ces objectifs sans une protection accrue des acteurs économiques nationaux ?
La limitation des exportations de matières premières à l’état brut et le renforcement du soutien aux producteurs locaux constituent les piliers de cette nouvelle stratégie économique. Le gouvernement entend ainsi réduire la dépendance aux importations de produits de première nécessité, véritable saignée pour la balance commerciale nationale.
Cette abolition du moratoire commerce étrangers RDC représente-t-elle une mesure protectionniste ou une nécessaire protection des petits commerçants congolais ? La question mérite d’être posée dans un contexte économique régional complexe. Certains experts y voient une opportunité de développement pour l’entrepreneuriat local, tandis que d’autres s’interrogent sur les impacts à court terme sur les prix et la disponibilité des biens.
La mise en œuvre effective de cette décision nécessitera une période de transition et un accompagnement des acteurs concernés. Le gouvernement devra veiller à ce que le retrait progressif des commerçants étrangers ne crée pas de vacuum économique préjudiciable aux consommateurs congolais.
Cette orientation politique s’inscrit dans une tendance africaine plus large de réappropriation des secteurs économiques stratégiques par les nationaux. Elle témoigne de la volonté des autorités congolaises de structurer l’économie autour des intérêts nationaux et de créer un environnement propice à l’émergence d’une classe moyenne entrepreneuriale.
Le succès de cette politique dépendra largement de la capacité des pouvoirs publics à accompagner cette transition par des mesures d’appui à l’entrepreneuriat local, par la simplification des procedures administratives et par l’accès au crédit pour les petits commerçants congolais. La balle est désormais dans le camp des institutions financières et des services d’appui aux entreprises.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net