Alors que l’Assemblée nationale entame sa session budgétaire de septembre, une question cruciale plane au-dessus des débats financiers : les parlementaires du Nord-Kivu sauront-ils porter la voix d’une population confrontée quotidiennement à l’horreur des violences armées ? La société civile de Goma, par la voix de Christian Kalamo, président de la sous-coordination de Karisimbi, adresse un réquisitoire cinglant contre le silence complice des élus nationaux.
Le constat est sans appel : alors que les violences ADF Kivu continuent de ravager les territoires de l’Est, les représentants du peuple semblent étrangement absents du front médiatique et politique. « Nos députés semblent à l’aise, comme si tout allait bien », déplore amèrement Kalamo, pointant du doigt l’incompréhensible quiétude des élus face à l’urgence sécuritaire.
La critique porte particulièrement sur la gestion de l’état de siège Est-RDC, mesure exceptionnelle dont l’échec patent interroge. « Avant l’état de siège, nous avions nos territoires, nos provinces. Aujourd’hui, la situation s’est dégradée », constate amèrement le leader civil. Cette régression sécuritaire soulève des questions fondamentales sur l’efficacité des stratégies gouvernementales et le rôle de contrôle des élus nationaux RDC.
L’amertume des populations trouve son origine dans le décalage entre les promesses électorales et la réalité tangible. La société civile Goma exige désormais des actes concrets plutôt que des discours convenus. « Nous ne voulons pas qu’en 2027 ou 2028, ils reviennent avec des discours. Nous voulons des résultats maintenant », insiste Christian Kalamo, reflétant l’impatience grandissante des Congolais de l’Est.
Le paradoxe est saisissant : alors que la session parlementaire se concentre sur les allocations budgétaires, la question de la Nord-Kivu sécurité reste reléguée au second plan. Les élus nationaux semblent privilégier les pétitions internes et les manœuvres procédurières plutôt que l’affirmation vigoureuse des priorités sécuritaires de leurs mandants.
Cette situation pose inévitablement la question de la représentativité réelle des institutions démocratiques. Jusqu’à quand les parlementaires pourront-ils ignorer les cris de détresse de leurs électeurs ? La crédibilité du système représentatif congolais se joue aujourd’hui dans la capacité des élus à traduire en actions concrètes les aspirations légitimes à la sécurité des populations de l’Est.
La prochaine échéance électorale de 2027 plane déjà comme une épée de Damoclès au-dessus des parlementaires. Les électeurs du Nord-Kivu, meurtris par des années de violence et désillusionnés par les promesses non tenues, pourraient bien faire payer cher ce déficit d’engagement tangible. L’enjeu dépasse la simple question sécuritaire : il touche à la légitimité même de la représentation nationale dans une province en crise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net