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mardi, septembre 16, 2025

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La ville de Goma, épicentre économique du Nord-Kivu, traverse une crise sans précédent. Le conflit armé opposant les forces gouvernementales au mouvement rebelle M23/AFC a plongé le secteur commercial dans une spirale infernale, mettant en lumière la vulnérabilité extrême des petits commerçants face aux soubresauts géopolitiques.

Comment survivre quand la guerre détruit les fondements mêmes de l’activité économique ? Cette question hante désormais les milliers de commerçants qui font vivre la cité volcanique. Les chiffres, bien qu’encore parcellaires en raison du chaos ambiant, dessinent une réalité alarmante : près de 75% des petites et moyennes entreprises ont enregistré une chute vertigineuse de leur chiffre d’affaires, certaines frôlant l’arrêt total d’activité.

Le mécanisme de cette asphyxie économique repose sur plusieurs facteurs interconnectés. D’abord, la rupture des chaînes d’approvisionnement : les routes commerciales vers l’intérieur du pays et vers les pays voisins sont soit coupées, soit devenues trop dangereuses. Les marchandises se font rares, et leur coût de transport a explosé, creusant mécaniquement les marges déjà minces des commerçants.

Ensuite, le phénomène de contraction de la demande : face à l’insécurité et à l’incertitude, les consommateurs rationnent drastiquement leurs dépenses. « Les gens n’achètent plus que l’essentiel : de la nourriture, des médicaments. Tout le reste attend des jours meilleurs », explique un grossiste du marché central de Goma, sous couvert d’anonymat.

Les établissements financiers, autre pilier de l’économie formelle, ont majoritairement fermé leurs portes ou réduit leurs horaires. Cette bancarisation forcément limitée prive les commerçants des liquidités nécessaires au réapprovisionnement et à la trésorerie courante. Beaucoup doivent recourir à des systèmes informels de crédit, avec des taux usuraires qui aggravent leur précarité.

Les taxes et impositions diverses, légales ou illégales, constituent un troisième étau qui se resserre sur les entrepreneurs. Entre les prélèvements officiels et les « contributions » exigées par différents groupes, la marge bénéficiaire s’amenuise jusqu’à parfois devenir négative.

Certains commerçants tentent de s’adapter en diversifiant leur offre vers les produits de première nécessité, en réduisant leurs stocks au strict minimum, ou en formant des coopératives d’achat pour mutualiser les risques. Mais ces stratégies de résistance trouvent vite leurs limites face à l’ampleur systémique de la crise.

Les conséquences sociales de cette débâcle économique sont déjà visibles : augmentation du chômage, appauvrissement généralisé, exode rural accru vers une ville qui ne peut plus absorber cette main-d’œuvre. Le tissu social traditionnel, déjà mis à mal par des années de conflits intermittents, montre des signes de rupture inquiétants.

À plus long terme, c’est toute la structure économique de la région qui risque de subir des dommages durables. La fermeture définitive de nombreuses entreprises, la perte de savoir-faire commerciaux et la défiance installée pourraient handicaper la reconstruction future, même après un retour à la paix.

La situation économique à Goma illustre cruellement comment un conflit armé moderne ne se limite pas aux champs de bataille mais s’attaque délibérément aux foundations économiques d’une région. La guerre du M23/AFC n’est pas seulement une crise militaire ou politique : c’est une offensive économique qui frappe délibérément la capacité de production et d’échange du Nord-Kivu.

La communauté internationale, souvent focalisée sur les aspects humanitaires immédiats, gagnerait à considérer cette dimension économique dans ses efforts de médiation. Car sans une économie viable, aucune paix durable ne pourra s’installer dans cette région stratégique de la République Démocratique du Congo.

Article Ecrit par Amissi G
Source: https://7sur7.cd/?utm_source=chatgpt.com

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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