Le gouvernement de la République Démocratique du Congo vient de franchir une étape cruciale dans la planification économique nationale. Lundi 15 septembre, la Première ministre Judith Suminwa a déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale le projet de loi de finances pour l’exercice 2026, accompagné du document de reddition des comptes 2024. Cette démarche constitutionnelle marque le lancement officiel du cycle budgétaire et ouvre une période de réflexion stratégique sur l’avenir économique du pays.
Avec un montant global de 59 000 milliards de francs congolais, ce budget représente une augmentation significative de 16% par rapport à l’exercice précédent. Cette croissance budgétaire interpelle : comment le gouvernement compte-t-il financer cette ambition ? La réponse se trouve dans l’objectif affiché de doubler les recettes courantes d’ici 2026, un défi de taille qui s’appuie sur des réformes fiscales structurelles.
L’analyse des performances 2024 révèle des réalités économiques contrastées. Les recettes du budget du pouvoir central ont atteint 35 513,9 milliards de FC, soit un taux de réalisation de 79,97%. Les dépenses, quant à elles, se sont élevées à 35 872,5 milliards de FC, avec un taux d’exécution de 80,78%. Ces chiffres masquent un déficit de 358,5 milliards de FC, résultant de la consolidation des soldes déficitaires et excédentaires des différentes entités budgétaires.
Les réformes fiscales RDC constituent le pilier central de la stratégie gouvernementale. Selon des experts des ministères des Finances et du Budget, l’augmentation des recettes prévue pour 2026 découlera directement des mesures déjà mises en œuvre. L’accélération de la facturation normalisée, la mise en place de la télédéclaration de la TVA par la DGI, la réforme du quitus fiscal et la fiscalisation des dépôts des banques commerciales ont déjà porté leurs fruits en 2025.
Ces mécanismes innovants jettent les bases d’une performance encore plus robuste pour 2026, avec un objectif ambitieux de 12 milliards USD de recettes. Cette projection témoigne de la volonté des autorités de renforcer la souveraineté financière nationale et de réduire la dépendance aux financements externes.
La structure des dépenses prévues dans ce projet loi finances reflète les priorités gouvernementales : services sociaux de base, infrastructures, sécurité nationale et transferts aux provinces. Cette allocation stratégique des ressources vise à répondre aux urgences sociales tout en posant les fondations d’une croissance économique durable.
L’adoption de ce budget par le Parlement constituera un outil majeur pour accélérer les réformes structurelles et stimuler la croissance économique. Au-delà des chiffres, ce document budgétaire envoie un signal fort aux partenaires techniques et financiers, ainsi qu’aux investisseurs internationaux, démontrant la détermination de la RDC à bâtir une économie résiliente et diversifiée.
Le dépôt simultané de la reddition des comptes 2024 illustre par ailleurs l’engagement du gouvernement Suminwa en faveur de la transparence et de la redevabilité. Cette pratique vertueuse de gouvernance économique contribue à restaurer la confiance des citoyens et des partenaires dans la gestion des finances publiques.
Alors que la RDC s’apprête à engager des dépenses record en 2026, la question de l’efficacité de l’exécution budgétaire se pose avec acuité. La capacité des administrations à absorber ces ressources et à les transformer en résultats tangibles pour la population constituera le véritable test de la maturité économique du pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net