La rentrée parlementaire de septembre 2025 s’annonce sous de sombres auspices au Palais du Peuple de Kinshasa. Alors que la Constitution congolaise prévoit une session ordinaire principalement budgétaire, les turbulences politiques menacent de détourner l’Assemblée nationale de sa mission essentielle : l’examen et l’adoption de la loi de finances pour le prochain exercice.
Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, se trouve dans la tourmente. Une pétition de destitution, déjà forte de plus de 240 signatures selon Le Potentiel, circule dans les couloirs de l’hémicycle. Les accusations ? Opacité, inaction et mépris envers les préoccupations des députés nationaux. Comment un pilier de la majorité présidentielle peut-il ainsi vaciller à la veille d’une session cruciale ?
La situation n’est guère plus sereine au Sénat, où Jean-Michel Sama Lukonde, président de la chambre haute, fait face à des contestations similaires. Ces mouvements de défiance traduisent un malaise profond au sein des institutions législatives congolaises, censées incarner la stabilité démocratique.
Le chef de l’État, Félix Tshisekedi, se voit contraint d’endosser le rôle d’arbitre suprême. Lui qui appelait, huit jours plus tôt, à une session « sereine » recentrée sur les priorités nationales, doit maintenant gérer une crise institutionnelle imprévue. La réunion des institutions qu’il a convoquée témoigne de l’urgence de la situation.
L’enjeu dépasse la simple personnalité de Vital Kamerhe. L’ancien candidat à la présidentielle de 2018, qui s’était retiré pour favoriser l’unité autour de Félix Tshisekedi, représente un maillon essentiel de la coalition au pouvoir. Son éventuelle destitution pourrait fissurer le socle même de l’Union sacrée et remettre en cause l’équilibre précaire de la majorité parlementaire.
Derrière ces luttes de pouvoir, c’est la capacité du législatif à remplir son rôle constitutionnel qui se trouve compromise. La quête de paix dans l’Est de la RDC, priorité nationale s’il en est, risque de passer au second plan face aux calculs politiciens. Le député national Didier Okito l’a rappelé avec force : l’unité et la focalisation sur les vrais problèmes du pays doivent primer.
Deux factions s’affrontent désormais ouvertement : les pétitionnaires déterminés à sanctionner leurs présidents de bureau et les soutiens de Vital Kamerhe qui se mobilisent pour le maintenir à son poste. Qui l’emportera dans cette bataille d’influence ? Seules les prochaines heures apporteront une réponse à cette question cruciale pour l’avenir institutionnel de la République Démocratique du Congo.
Le patron du parti présidentiel tenterait, selon certaines sources, d’éviter que l’UDPS ne soit directement associée à cette pétition, tout en laissant d’autres acteurs remettre en cause l’autorité de Vital Kamerhe. Une stratégie subtile qui pourrait bien déterminer l’issue de cette crise parlementaire.
Alors que la motion de défiance plane au-dessus de lui, Vital Kamerhe devrait bientôt s’exprimer sur cette situation inédite. Sa capacité à désamorcer la crise et à ramener l’Assemblée nationale à ses fondamentaux législatifs sera déterminante pour la suite de la session parlementaire et, au-delà, pour la stabilité de la coalition au pouvoir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net