La République Démocratique du Congo intensifie sa campagne pour la reconnaissance internationale du génocide congolais à travers une exposition artistique percutante organisée du 8 au 10 septembre 2025 à l’esplanade du Palais des Nations de Genève. Sous le thème « L’Art pour la paix et la résilience », cette manifestation culturelle a servi de plateforme pour interpeller la conscience mondiale sur les atrocités subies par le peuple congolais durant trois décennies de conflits.
Comment l’art peut-il devenir un instrument de mémoire et de plaidoyer ? Les œuvres présentées, créées par des artistes congolais et partenaires de l’Académie, ont magistralement illustré l’histoire douloureuse de la RDC tout en offrant un message d’espoir aux victimes. Ces représentations visuelles puissantes ne cherchent pas la vengeance mais exigent vérité, justice et solidarité internationale face à l’indifférence persistante.
Le Ministre d’État de la Justice, Guillaume Ngefa, a fermement déclaré que son pays « ne va plus se taire » jusqu’à ce que la communauté internationale reconnaisse officiellement les génocides commis sur le sol congolais. Dans son discours de clôture, il a souligné : « Chaque image, chaque témoignage est un appel à la mémoire et à une paix fondée sur la justice. Désormais, on ne pourrait plus dire : nous ne savions pas ! »
Cette exposition s’inscrit dans le cadre plus large des activités parallèles à la 60e session du Conseil des Droits de l’homme, organisées par la mission permanente de la RDC à Genève en collaboration avec diverses institutions nationales. Elle fait suite à une conférence scientifique portant sur « Trente ans de conflits armés en RDC : appel à la reconnaissance des génocides oubliés ou ignorés ».
Samuel Mbemba, Ministre congolais des Droits Humains, a noté des avancées significatives : « Ce temps de sensibilisation a déjà commencé à porter des fruits. Nous avons entendu quelques pays qualifier ce qui se passe chez nous de génocide ». Cette reconnaissance progressive constitue une victoire diplomatique pour Kinshasa, qui accuse le Rwanda d’exactions continues dans l’est du pays.
Paul Empole Efambe, représentant permanent de la RDC auprès de l’ONU à Genève, a rappelé l’origine de cette initiative : le président Félix Tshisekedi avait exigé, lors de la commémoration du troisième anniversaire du Genocost, une campagne internationale de sensibilisation sur le massacre des populations congolaises. Le chef de l’État avait également évoqué le devoir moral de la communauté internationale, qui avait jadis demandé à la RDC d’ouvrir ses frontières durant le génocide rwandais, contribuant ainsi à l’instabilité persistante dans l’est du pays.
Cette exposition artistique à Genève marque donc une étape cruciale dans la stratégie diplomatique congolaise. Elle démontre comment l’art peut transcender les barrières linguistiques et politiques pour toucher directement la conscience humaine. La RDC utilise désormais tous les canaux disponibles – scientifique, culturel et diplomatique – pour briser le silence entourant ce qui est de plus en plus perçu comme l’un des plus grands génocides oubliés de l’histoire contemporaine.
Alors que les œuvres retournent au pays, leur message continue de résonner dans les couloirs du pouvoir international. La question reste entière : la communauté internationale répondra-t-elle enfin à cet appel à la justice et à la reconnaissance du génocide congolais ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd