La situation énergétique dans la province du Kwango révèle un paradoxe préoccupant : trois transformateurs électriques d’une capacité totale de 220 kV/33 kV, suffisants pour alimenter la ville de Kenge et le territoire de Masi-Manimba, se détériorent progressivement au parc agro-industriel de Bukangalonzo. Ces équipements stratégiques, inutilisés depuis leur installation, représentent pourtant une solution immédiate à la crise d’électrification qui frappe cette région depuis des décennies.
Lors d’une réunion technique tenue dimanche à Kenge, les experts du ministère des Ressources hydrauliques venus du site de Kakobola ont confirmé l’état opérationnel de ces infrastructures. Les études de faisabilité, déjà réalisées, démontrent la viabilité technique du projet d’électrification. Une proposition concrète émerge : un transformateur resterait sur place pour desservir Bukangalonzo, tandis que les deux autres seraient déployés vers Kenge et Masi-Manimba.
Mais pourquoi ces équipements restent-ils inexploités alors que les besoins énergétiques sont criants ? La réponse réside dans un cocktail complexe d’insécurité et de lenteur administrative. Le poste de transformation a été « consigné » en raison des activités de la milice Mobondo qui sévit dans la province, créant un environnement défavorable aux investissements et à la maintenance des infrastructures.
Lucien Lufutu, président du cadre de concertation de la société civile, souligne l’urgence de la situation : « La ville de Kenge et le territoire de Masi-Manimba n’ont jamais été électrifiés. C’est vraiment une urgence pour le développement économique de la RDC. Les investisseurs ne viennent que là où il y a du courant ».
L’impact économique de cette carence énergétique est dramatique. Les entreprises et particuliers doivent recourir à des groupes électrogènes, avec un coût prohibitif du carburant qui étouffe toute velléité de développement économique. L’absence d’électricité reliable freine l’implantation d’industries, maintient la population dans la précarité et contribue indirectement à l’insécurité en limitant les opportunités d’emploi pour les jeunes.
La solution technique existe pourtant bel et bien. La SNEL avait déjà confirmé en janvier dernier la disponibilité de l’énergie dans ce poste de transformation. La Première ministre elle-même a réitéré cette information lors de son récent passage à Kenge. Reste maintenant à transformer ces déclarations en actions concrètes.
Les discussions doivent maintenant se poursuivre à Kinshasa entre les autorités provinciales et le gouvernement central. La décision finale incombera au ministre des Ressources hydrauliques, qui devra trancher sur le déploiement de ces transformateurs. L’enjeu dépasse largement la simple fourniture d’électricité : il s’agit de créer les conditions d’un développement économique durable, de lutter contre l’insécurité en offrant des alternatives à la milice Mobondo, et de rattraper le retard accumulé par ces régions.
L’électrification de Kenge et Masi-Manimba représenterait bien plus qu’un simple projet d’infrastructure : ce serait le signal fort d’une volonté politique de développer les provinces longtemps négligées de la RDC. Le temps presse cependant, car chaque jour qui passe voit se détériorer un peu plus ces équipements précieux, gaspillant ainsi une opportunité unique de développement régional.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
