Dans l’enceinte feutrée de l’Institut des Musées Nationaux du Congo, un vent de révolte souffle à nouveau. Ce lundi 15 septembre 2025, devant les bâtiments de la direction générale à Kinshasa Lingwala, une tension palpable régnait alors que syndicalistes et membres du personnel abandonnaient symboliquement leurs postes. Leur cible : Juliette Mugole, directrice générale adjointe, dont l’initiative de révision unilatérale des textes légaux de l’institution soulève un tollé général.
Comment une institution culturelle aussi prestigieuse que l’IMNC peut-elle se retrouver au cœur d’un tel conflit syndical ? La question plane tel un spectre au-dessus des couloirs habituellement silencieux dédiés à la préservation du patrimoine congolais. Les représentants syndicaux, le visage grave mais la détermination ferme, dénoncent ce qu’ils qualifient d’« empiètement sur les dispositions légales » gouvernant l’institution.
« Nous tenons à rappeler que toute réforme doit se faire dans le respect strict des textes en vigueur et en concertation avec toutes les parties prenantes », ont-ils déclaré, leurs voix portées par la brise matinale de Lingwala. Cette interpellation publique marque un nouveau chapitre dans les tensions récurrentes qui secouent l’IMNC, pourtant apaisées depuis plusieurs mois.
La démarche de Juliette Mugole, qui aurait convoqué il y a quelques jours une réunion avec les directeurs de départements pour annoncer son projet de révision, s’apparenterait-elle à une tentative de remise en cause de l’autorité du directeur général Simon Siala, nommé par le Président de la République ? La question mérite d’être posée, tant les enjeux de gouvernance institutionnelle semblent complexes.
Pourtant, malgré la fermeté de leur action, les syndicalistes affirment ne pas rechercher la confrontation. Leur revendication fondamentale demeure la préservation d’un climat apaisé, après plusieurs années de turbulences avec les précédents mandataires. « Nous voulons la paix, pas un retour aux conflits du passé », insistent-ils, comme pour exorciser les fantômes des anciennes dissensions.
Cette affaire, qui prend une tournure résolument institutionnelle, pourrait bien relancer le débat fondamental sur la gouvernance interne et la marge de manœuvre des dirigeants au sein de l’une des structures culturelles les plus stratégiques de la République Démocratique du Congo. L’IMNC, gardien précieux de la mémoire collective et des trésors patrimoniaux nationaux, se trouve une fois de plus à la croisée des chemins.
Les syndicalistes ont lancé un appel solennel à la ministre nationale de la Culture, des Arts et du Patrimoine ainsi qu’au secrétaire général, les suppliant d’intervenir pour que la directrice générale adjointe « calme ses ardeurs » et respecte scrupuleusement les textes régissant l’institution. Cette situation intervient curieusement en l’absence du directeur général, actuellement en mission. Simple coïncidence ou manœuvre calculée ?
Au-delà des personnes, c’est toute la question de la préservation du patrimoine culturel congolais qui se pose. Comment garantir la stabilité institutionnelle nécessaire à la conservation et à la valorisation des richesses muséales nationales dans un contexte de tensions récurrentes ? La révision des textes légaux des musées en RDC devrait-elle se faire dans la concertation plutôt que dans la conflictualité ?
L’épisode actuel témoigne des défis de gouvernance que rencontrent les institutions culturelles congolaises, tiraillées entre héritage colonial, traditions ancestrales et nécessités modernes de management. Le patrimoine culturel national mérite-t-il de devenir l’otage de luttes intestines ? La réponse semble évidente, pourtant la situation persiste.
Alors que le soleil descend sur Kinshasa, l’ombre de l’incertitude plane toujours sur l’IMNC. Cette nouvelle crise souligne l’impérieuse nécessité d’un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes, afin que l’institution puisse pleinement remplir sa mission sacrée : préserver et valoriser le riche patrimoine culturel de la nation congolaise pour les générations futures.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
