Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et ils sont accablants. En République Démocratique du Congo, l’égalité entre hommes et femmes reste un défi colossal, comme le révèle le récent rapport national sur l’égalité des sexes présenté ce jeudi à Kinshasa. Un document qui sonne comme un électrochoc pour la société congolaise tout entière.
« Les inégalités, on les sent vraiment partout, surtout dans le domaine de l’emploi », déplore Modeste Nyembo Kakanda, Coordonnateur de l’Observatoire congolais de développement durable. Ces disparités ne naissent pas par hasard : elles se construisent progressivement, dès la plus tendre enfance. Comment espérer une véritable égalité quand, dans les foyers, la petite fille part chercher l’eau pendant que le petit garçon reste à la maison pour étudier ? Cette discrimination domestique initiale se répercute inexorablement sur l’éducation, puis sur l’accès à l’emploi décent.
La Première Ministre Judith Suminwa, présente à cette cérémonie organisée avec l’appui d’ONU Femmes RDC, n’a pas mâché ses mots. Son discours a mêlé détermination politique et émotion palpable, particulièrement lorsqu’elle a évoqué le sort des femmes de l’Est du pays. « Au moment où je vous parle, des millions de femmes sont entre les mains des groupes armés, subissant majoritairement de multiples violences, dont sexuelles », a-t-elle déclaré, le cœur visiblement lourd.
Ce rapport s’inscrit dans le cadre des Objectifs de Développement Durable que la RDC doit atteindre d’ici 2030. L’égalité des sexes y apparaît comme une question transversale, touchant simultanément l’emploi, la santé maternelle, l’éducation et l’environnement. Mais au-delà du constat, le document propose des solutions concrètes : intensifier la vulgarisation des textes légaux, combler le gap dans le système éducatif, corriger les désavantages socioéconomiques des femmes, et faire des statistiques sur le genre une priorité.
Arlette Mvondo, Représentante intérimaire d’ONU Femmes en RDC, a annoncé le lancement prochain d’un baromètre genre des ODD, un instrument dynamique destiné à accompagner les efforts du gouvernement. Son organisation réaffirme son engagement à soutenir la réalisation d’un avenir où les droits, l’égalité et l’autonomisation de toutes les femmes et filles seront au cœur du développement durable.
Judith Suminwa a rappelé que le principe de l’égalité entre les sexes est constitutionnel en RDC. Le gouvernement a déjà mis en place plusieurs réformes, comme la révision du Code de la famille qui a élagué plusieurs dispositions discriminatoires. Mais la Cheffe du Gouvernement veut aller plus loin, plaidant pour l’élaboration de budgets sensibles au genre et de programmes spécifiques.
Son appel à l’action est clair : « Je lance donc l’appel à l’ensemble des acteurs politiques, économiques et sociaux pour qu’à l’unisson, nous transformions les recommandations dégagées dans ce rapport sur l’égalité des sexes en actions concrètes ». Un message fort qui résonne comme une exigence de justice et d’équité pour les générations présentes et futures.
La route vers l’égalité réelle reste longue, mais ce rapport constitue une étape cruciale. Il offre à la fois un miroir sans concession des inégalités persistantes et une boussole pour les politiques publiques à venir. Reste maintenant à transformer cette prise de conscience collective en actions tangibles qui amélioreront concrètement la vie des millions de femmes congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: primature.grouv.cd