À Mbuji-Mayi, la 8e édition du forum des ministres provinciaux en charge du Genre a dressé un bilan contrasté de l’intégration du Genre en République démocratique du Congo. Si des avancées sont saluées, les obstacles restent immenses dans plusieurs provinces, où les réalités sécuritaires et administratives entravent les progrès.
Comment assurer une réelle intégration du Genre quand les agents provinciaux travaillent sans numéros matricules ? Cette question cruciale a été posée par Valérienne Umba, ministre provinciale du Haut-Katanga, qui malgré la construction d’un deuxième centre intégré pour victimes de violences sexuelles, alerte sur les défis structurels. « C’est un pari gagné pour le Haut-Katanga, mais il faut que le gouvernement central revoie le problème de mécanisation des agents », a-t-elle plaidé devant ses pairs.
Plus au sud, dans le Haut-Lomami, la situation se révèle encore plus critique. Le ministre provincial Adelar Umba a décrit une réalité glaçante : la présence de groupes armés dans les territoires de Malemba Nkulu et Bukama transforme les zones minières en véritables enfers pour les femmes et les enfants. « Ces zones minières sont aussi le théâtre d’exploitations sexuelles de jeunes filles, voire d’enfants. Les conflits armés aggravent la situation », a-t-il témoigné, soulignant l’urgence de créer des infrastructures adaptées pour répondre à ces crises.
Ces témoignages provinciaux illustrent le fossé entre les ambitions nationales d’intégration du Genre et les réalités de terrain. Comment appliquer des politiques genre quand l’État peine à reconnaître ses propres agents ? Comment protéger les femmes quand des milices armées contrôlent des territoires entiers ?
Le forum de Mbuji-Mayi a au moins permis de mettre en lumière ces contradictions congolaises. Derrière les discours officiels sur l’égalité des genres se cachent des réalités complexes où la sécurité, l’économie informelle et les traditions locales créent un labyrinthe de défis.
La feuille de route nationale qui sera validée à l’issue de ces travaux devra nécessairement tenir compte de ces disparités provinciales. Un plan unique peut-il répondre à la fois aux besoins du Haut-Katanga, où l’administration cherche sa reconnaissance, et du Haut-Lomami, où les groupes armés imposent leur loi ?
L’intégration du Genre en RDC ressemble à un puzzle dont les pièces manquantes sont l’État de droit, la sécurité territoriale et la volonté politique réelle. Sans une approche différenciée qui tienne compte des spécificités de chaque province, les forums resteront des exercices de style sans impact concret sur la vie des femmes congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net