Pour la deuxième fois consécutive, les sénateurs congolais ont affiné leurs stratégies en vue de la cruciale session budgétaire de septembre 2025. Autour du président Jean-Michel Sama Lukonde, le bureau du Sénat a peaufiné les derniers détails organisationnels pour une rentrée parlementaire apaisée. Cette réunion préparatoire, tenue ce samedi 13 septembre, révèle les tensions sous-jacentes qui traversent la Chambre haute du parlement bicaméral congolais.
Nerfititi Ngudianza, rapporteure du Sénat, a tenté de rassurer l’opinion publique en insistant sur le caractère « solennel » de la séance d’ouverture prévue le 15 septembre. « Nous sommes la chambre des sages et je sais que tout sera calme », a-t-elle déclaré avec une assurance qui pourrait sembler trop optimiste au regard des défis à venir. Derrière ces déclarations officielles se cachent des réalités plus complexes que ne le laissent paraître les communications institutionnelles.
Conformément à l’article 115 de la constitution, cette session ordinaire de septembre 2025 sera essentiellement budgétaire. Cependant, l’agenda parlementaire s’annonce plus chargé que prévu. La rapporteure a évoqué des « arriérés » non examinés lors de la session précédente, sans toutefois préciser leur nature. Le contrôle parlementaire de l’exécutif et la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC figurent parmi les dossiers sensibles qui devraient animer les débats.
Le timing de ces préparatifs n’est pas anodin. Le président Félix Tshisekedi avait exprimé, lors d’une récente réunion interinstitutionnelle, son attente d’une rentrée parlementaire « sereine » centrée sur les priorités nationales. Cette injonction présidentielle intervient dans un contexte où les présidents des deux chambres du parlement font face à des pétitions remettant en cause leur leadership. La majorité parlementaire devra donc naviguer entre les exigences de l’exécutif et les pressions internes.
Quel rôle le Sénat congolais entend-il jouer dans ce paysage politique complexe ? La question du contrôle parlementaire se pose avec acuité alors que le gouvernement devra présenter son projet de budget dans un contexte économique difficile. Les sénateurs auront-ils la liberté d’exercer pleinement leur mission de contrôle ou devront-ils se contenter d’un rôle d’enregistrement des décisions gouvernementales ?
La rapporteure a insisté sur la liberté des sénateurs à poser des questions de contrôle, rappelant qu’il s’agit d’un « droit qui nous revient de par la Constitution ». Pourtant, l’opposition avait déjà fustigé, lors de sessions précédentes, les tendances autoritaires de la majorité parlementaire. Le test de cette session budgétaire résidera dans la capacité du Sénat à concilier loyauté politique et indépendance institutionnelle.
Alors que la RDC traverse une période de défis multidimensionnels – sécuritaires, économiques et sociaux – la rentrée parlementaire de septembre 2025 constituera un moment crucial pour la démocratie congolaise. La manière dont le parlement bicaméral exercera ses prérogatives budgétaires et de contrôle pourrait déterminer l’équilibre des pouvoirs pour les mois à venir. Le président Sama Lukonde devra démontrer sa capacité à piloter cette institution dans les eaux troubles de la politique congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd