Entre effervescence académique et hommage éternel, l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa a vécu ce samedi 13 septembre 2025 un moment d’histoire tissé d’émotions et de symboles. Sous le ciel kinsois, l’institution mythique a orchestré une double cérémonie qui transcende la simple remise de diplômes pour s’inscrire dans la mémoire collective du patrimoine culturel congolais.
La solennité des lieux vibrait au rythme des cœurs palpitants des lauréats, parents et enseignants réunis pour cette clôture de l’année académique pas comme les autres. Le Professeur Henri Kalama Akulez, directeur général de l’institution, a ouvert le bal des discours avec une gravité teintée de fierté. Sa voix portait le poids de ces années de transformation pédagogique, lui qui a piloté la transition vers le système LMD – cette réforme tant attendue qui couronne désormais les efforts académiques par une collation des grades alignée sur les standards internationaux.
Comment ne pas ressentir l’importance de ce passage ? Quatre, cinq, parfois davantage d’années d’apprentissage, de doutes et de créations ont conduit ces jeunes artistes vers ce jour de consécration. Le Pr Kalama les a exhortés à devenir des « ambassadeurs de l’excellence », porteurs d’un savoir-faire et d’un savoir-être forgés dans le creuset de cette alma mater congolaise. Son discours, entre recommandations paternelles et vision stratégique, a souligné les trois piliers de sa gouvernance : curriculum révisé, infrastructures améliorées et compétences renforcées.
Mais l’âme de cette journée résidait ailleurs, dans le murmure respectueux qui a accueilli l’inauguration des bustes en bronze. Quatre géants de l’art congolais désormais immortalisés dans la pierre et le métal : les professeurs Mavinga Ma Nkondo Ngwala Vital-Marie et Lema Nkusa Lucien, aux côtés des disparus Alfred Liyolo et Ignace Bamba Ndombasi Kufimba. Ces piliers du mouvement Grand Atelier, ces visionnaires qui ont façonné l’identité artistique de la RDC, contemplent désormais les générations futures de leur regard figé dans l’éternité.
L’émotion fut palpable lorsque le Pr Mavinga, voix tremblante de gratitude, a accepté cet hommage rare de son vivant. « Soixante-trois ans de service couronnés par ce monument qui me regarde », confiait-il, les yeux brillants d’une larme contenue. Ce moment rare où un artiste voit son legs scellé dans la mémoire institutionnelle avant de rejoindre le panthéon des immortels.
Cette cérémonie ne marquait pas seulement la fin d’un cycle académique ; elle incarnait la respiration même de la culture congolaise – entre transmission du savoir et célébration des pionniers. L’Académie des Beaux-Arts Kinshasa a ainsi démontré sa capacité à honorer son passé tout en préparant l’avenir, offrant à ses diplômés les clés d’un monde professionnel exigeant mais passionnant.
Quelle meilleure preuve de vitalité culturelle que cette alliance entre tradition et innovation ? Les bustes des maîtres veilleront sur les créations futures, rappelant que tout art s’enracine dans une histoire et des Hommes exceptionnels. Cette journée restera comme un jalon dans l’histoire culturelle de la RDC, où l’excellence académique a épousé la mémoire artistique dans une symphonie parfaite.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc