Après cinq longs mois de privation, l’eau coule à nouveau dans les robinets de Ngiri-Ngiri. Une lueur d’espoir pour des milliers de familles qui ont vécu un calvaire quotidien pour s’approvisionner en eau potable. Comment survivre sans cette ressource vitale dans une mégapole comme Kinshasa ?
Sur l’avenue Shaba, un jeune homme d’une vingtaine d’années contemple avec soulagement le bidon qu’il remplit enfin chez sa bailleresse. « Je parcourais des kilomètres à pied chaque jour pour trouver de l’eau », confie-t-il, le visage illuminé par un sourire de soulagement. Son témoignage reflète le vécu de nombreux habitants de cette commune qui ont dû développer des stratégies de survie face à cette pénurie persistante.
La REGIDESO Kinshasa a finalement achevé les travaux de pose de nouvelle tuyauterie, mettant fin à cette pénurie eau Ngiri-Ngiri qui paralysait le quotidien des habitants. Mais cette amélioration reste partielle et inégale selon les quartiers. À Bumbu, commune voisine, l’eau ne coule qu’aux heures avancées de la nuit, obligeant les habitants à des ajustements difficiles dans leur organisation familiale.
Une femme rencontrée dans ce secteur exprime une satisfaction mitigée : « Nous sommes contents de retrouver l’eau, même si c’est au milieu de la nuit. C’est mieux que rien ». Cette situation d’eau nocturne Bumbu pose des questions de sécurité et de praticité pour les familles, particulièrement pour les femmes et les enfants.
Le directeur régional de la REGIDESO Kin-Ouest reconnaît que les travaux REGIDESO ne sont achevés qu’à 70%. Les efforts se poursuivent pour étendre la distribution eau potable à d’autres communes de la capitale encore privées de ce service essentiel. Mais jusqu’à quand devront-elles patienter ?
Cette amélioration progressive masque-t-elle une fragilité structurelle du réseau d’adduction d’eau ? Les travaux entrepris suffiront-ils à garantir un approvisionnement durable et équitable pour tous les Kinois ? La question reste entière alors que les défis urbains s’accroissent avec l’expansion démographique de la capitale.
Derrière ces chiffres et ces annonces officielles se cachent des réalités humaines souvent oubliées : enfants privés d’hygiène scolaire, femmes exposées à des risques pour s’approvisionner, familles contraintes à des dépenses supplémentaires pour acheter de l’eau à prix fort. Le droit à l’eau potable, pourtant reconnu comme fondamental, reste un privilège pour beaucoup dans cette ville de près de 15 millions d’habitants.
La situation à Ngiri-Ngiri et Bumbu illustre les inégalités persistantes dans l’accès aux services de base. Si des progrès sont enregistrés, le chemin reste long pour une véritable justice sociale dans la distribution de l’eau. La vigilance citoyenne et médiatique doit rester de mise pour que ces améliorations techniques se traduisent par un mieux-être concret pour toutes les couches de la population.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net