Dans une décision judiciaire marquante, la Haute Cour militaire de la République démocratique du Congo a ordonné la réouverture des débats dans le procès historique opposant le parquet militaire à l’ancien chef de l’État Joseph Kabila. Cette décision intervient alors que le verdict était attendu ce vendredi 12 septembre 2025, créant ainsi un suspense judiciaire supplémentaire dans cette affaire aux ramifications politiques complexes.
La Cour militaire a motivé sa décision par la nécessité d’examiner de nouveaux éléments probatoires présentés par la partie civile, représentée par l’État congolais et les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces régions, épicentres des violences attribuées au mouvement rebelle M23, constituent le théâtre des accusations principales portées contre l’ancien président.
Le dossier judiciaire accuse Joseph Kabila de crimes graves incluant la trahison, la participation à un mouvement insurrectionnel et des crimes contre l’humanité. Ces charges découlent d’une présomption de complicité avec l’Alliance des Forces pour le Changement (AFC) et le M23, groupe armé soutenu par le Rwanda ayant mené des offensives déstabilisatrices dans l’est congolais entre 2024 et 2025.
Me Richard Bondo, avocat représentant les intérêts de la RDC, a précisé que trois témoins seront entendus lors de l’audience du 19 septembre prochain. Ces dépositions visent à éclaircir les circuits financiers présumés entre Joseph Kabila et le financement des activités du M23, avec une attention particulière portée sur les personnalités impliquées et les comptes bancaires utilisés. L’interrogation sur la direction effective du pays par un « étranger » pendant 18 ans sera également abordée, renvoyant aux allégations d’influence persistante de Kabila sur les affaires nationales.
Le ministère public avait requis la peine capitale contre l’ancien président lors des réquisitoires du mois d’août, assortie de la mise sous séquestre de l’intégralité de ses biens. Ces demandes s’inscrivent dans une procédure se déroulant en contumace, Joseph Kabila résidant actuellement à l’étranger et n’ayant pas comparu devant la justice congolaise.
Ce développement judiciaire survient dans un contexte de tension politique exacerbée en RDC, où la figure de Joseph Kabila continue de polariser l’opinion publique. Son héritage politique et sa responsabilité présumée dans la crise sécuritaire de l’est congolais font l’objet de vifs débats nationaux et internationaux. La justice congolaise se trouve ainsi au cœur d’un processus historique qui pourrait établir des précédents significatifs pour la lutte contre l’impunité des hautes personnalités de l’État.
Les observateurs suivent avec une attention particulière les implications régionales de ce procès, notamment concernant les relations entre la RDC et le Rwanda, pays accusé de soutenir le M23. La décision finale de la Haute Cour militaire pourrait influencer durablement l’équilibre géopolitique dans la région des Grands Lacs.
Article Ecrit par Cédric Botela
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