La société minière Chemaf, opérant dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, traverse une crise opérationnelle sans précédent qui ébranle les fondements de sa viabilité économique. Selon les dernières données confirmées par les représentants syndicaux, la production journalière de cuivre a chuté de manière alarmante, passant de 50 à 30 tonnes, soit une contraction de 40% de sa capacité productive.
Cette saignée opérationnelle n’est pas sans conséquences sur le tissu social des travailleurs. Plus de 3 000 employés subissent directement les contrecoups de cette dégradation, avec des retards systématiques dans le versement des salaires et la suppression progressive des avantages sociaux, notamment l’assistance à la scolarité des enfants du personnel. Comment une entreprise autrefois florissante a-t-elle pu en arriver à une telle situation de précarité ?
La présidente de la délégation syndicale, Sidonie Tawundjiri, ne cache pas son inquiétude : « Les travailleurs ignorent même si le prochain salaire sera versé. La baisse de production fragilise davantage la viabilité de l’entreprise et plonge les familles dans l’incertitude la plus totale ». Cette déclaration souligne l’urgence d’une intervention structurelle pour éviter l’effondrement complet de l’outil productif.
Du côté syndical, Juresse Lokasha réaffirme l’engagement des travailleurs en faveur de la paix sociale tout en lançant un appel pressant à l’État congolais : « Une intervention rapide des autorités est indispensable pour éviter la catastrophe sociale qui se profile à l’horizon ». Cet appel à l’aide met en lumière les limites du modèle de gouvernance minière actuel face aux chocs opérationnels.
Les sources internes pointent du doigt le retard enregistré dans le processus de vente de l’entreprise comme principal facteur explicatif de cette crise. Cette situation de transition ownership crée une incertitude stratégique qui paralyse les investissements et la maintenance des installations, entraînant une dégradation accélérée des performances opérationnelles.
Cette crise Chemaf s’inscrit dans un contexte plus large de fragilité du secteur minier congolais, où les fluctuations des cours mondiaux et les défis logistiques impactent directement la rentabilité des exploitations. La production cuivre, pilier traditionnel de l’économie minière nationale, montre ainsi ses vulnérabilités face aux aléas gestionnaires et structurels.
L’absence de réaction du ministère des Mines face à cette situation interroge sur la capacité des autorités à anticiper et gérer les crises sectorielles. Alors que les retards salaires mines s’accumulent et que la situation sociale des travailleurs se dégrade, l’urgence d’un plan de sauvetage coordonné devient une évidence économique et sociale.
Cette affaire Chemaf soulève des questions fondamentales sur la résilience du modèle minier congolais et la nécessité de mettre en place des mécanismes de protection sociale adaptés aux cycles économiques volatils du secteur. La crise actuelle pourrait-elle sonner le glas d’une entreprise autrefois prospère, ou au contraire servir de catalyseur pour une réforme en profondeur de la gouvernance minière nationale ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net