Dans un contexte marqué par des tensions persistantes autour des licences minières et des questions de sous-traitance, un nouveau chapitre s’ouvre dans les relations entre la Générale des Carrières et des Mines (Gecamines) et Eurasian Resources Group (ERG). La signature d’un accord historique, intervenue mercredi 10 septembre 2025 à Astana, vient rééquilibrer les rapports entre les deux géants miniers et pourrait redéfinir la collaboration économique entre la République Démocratique du Congo et le Kazakhstan.
Cet accord, scellé en marge de la visite d’État du président Félix Tshisekedi au Kazakhstan, représente bien plus qu’une simple normalisation des relations. Guy Robert Lukama, Président du Conseil d’administration de la Gécamines, a qualifié cet événement de tournant décisif : « L’accord que nous avons signé aujourd’hui construit une nouvelle histoire entre ERG et Gecamines, entre les intérêts kazakhs et la RDC. Nous avons soldé le passé semé d’obstacles et nous nous fixons dès à présent d’aller vers un avenir meilleur ».
Le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, présent dans la délégation présidentielle, a souligné l’importance des retombées pour la population congolaise. « En tant que gouvernement, nous voulons vraiment que les bénéfices profitent à la population. Au-delà des accords, il y a l’obligation des parties et chacun doit jouer sa partition pour créer des richesses et les répartir de manière équitable ».
Ce rapprochement intervient après une période de turbulences marquée par la radiation d’ERG du marché de la sous-traitance en mars 2024. Les autorités congolaises avaient alors accusé le groupe minier d’avoir dissimulé la propriété de neuf entreprises sous-traitantes contrôlant 98% des marchés locaux, une concentration jugée contraire à la loi congolaise. Une situation qui pose une question fondamentale : comment concilier investissements étrangers et développement économique local ?
ERG, géant minier basé au Luxembourg et détenu à 40% par l’État kazakh, représente un acteur majeur dans le paysage minier congolais. Le groupe, l’un des principaux producteurs mondiaux de ferrochrome, d’alumine, de cuivre et de cobalt, exploite plusieurs sites stratégiques en RDC dont Boss Mining, Frontier, Comide et le projet phare Metalkol RTR dédié au retraitement de résidus.
Entre 2009 et 2022, ERG a investi plus de 9 milliards de dollars en RDC, générant 1,6 milliard de dollars en impôts et redevances. Des chiffres qui illustrent l’importance stratégique de cette collaboration pour l’économie congolaise, mais qui soulèvent également des interrogations sur l’optimisation des retombées pour les populations locales.
Le nouvel accord pourrait servir de modèle pour d’autres partenariats miniers en RDC, démontrant qu’un rééquilibrage des relations est possible sans compromettre les investissements étrangers indispensables au développement du secteur. Cette collaboration renouvelée s’inscrit dans la vision du président Tshisekedi pour une économie plus inclusive et mieux répartie.
Alors que la RDC cherche à maximiser les bénéfices de ses immenses ressources minières, cet accord avec ERG pourrait marquer le début d’une nouvelle ère de partenariats équilibrés. Reste à voir comment ces engagements se traduiront concrètement sur le terrain et comment ils contribueront effectivement au développement des communautés locales et à l’émergence d’une classe moyenne congolaise, objectif affirmé par les deux parties.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd