L’Université pédagogique nationale (UPN) vient de prendre une décision qui fait couler beaucoup d’encre dans le milieu universitaire congolais. Les finalistes du système LMD au niveau licence se voient privés de soutenances et de cérémonies de collation de grades pour cette année académique. Une mesure justifiée par les autorités universitaires comme nécessaire pour achever complètement le cursus académique.
Le secrétaire général à la recherche de l’UPN, Albert Phongi Kingiela, défend cette position avec conviction. « Le système LMD ne s’arrête pas à la licence », explique-t-il. « Les options sont mieux développées au niveau du master. D’ailleurs, certaines institutions n’ont pas été perturbées par cette mesure, car elles n’organisent pas de cérémonies de collation de grades. Il faut aller jusqu’au bout ».
Mais comment les principaux concernés accueillent-ils cette décision ? Pour de nombreux finalistes, c’est une véritable douche froide. Ils exprimaient leur déception : « Nous nous sentons lésés, car à notre avis, la soutenance représente un moyen de nous exprimer, de défendre notre travail, de démontrer la connaissance que nous avons acquise sur notre sujet ».
Certains étudiants adoptent cependant une position plus pragmatique. Ils voient dans cette mesure une opportunité de limiter les dépenses souvent importantes liées à l’organisation des soutenances et des cérémonies de fin de cycle.
Qu’en est-il de la valeur académique du diplôme obtenu sans soutenance ? Le conseiller en charge des questions académiques au ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire se veut rassurant. « La décision ne vient pas du ministère, c’est un choix propre à chaque établissement. Le premier choix se fait entre le projet tutoré et le mémoire. Certains établissements optent pour les deux, d’autres pour l’un ou l’autre. Mais dans tous les cas, le diplôme de licence conserve la même valeur ».
Cette situation met en lumière les défis persistants du système LMD en République Démocratique du Congo. Manque de professeurs qualifiés, rythme soutenu des apprentissages, accès limité à Internet, pénurie de matériel technique et de laboratoires – autant d’obstacles qui compliquent la mise en œuvre optimale de ce système importé.
La question fondamentale demeure : comment concilier les impératifs académiques avec les réalités pratiques du terrain universitaire congolais ? L’UPN, en prenant cette décision, ouvre un débat plus large sur l’adaptation des modèles éducatifs internationaux au contexte spécifique de la RDC.
Alors que le système LMD continue son implantation progressive dans le paysage universitaire congolais, cette mesure de l’UPN interroge sur l’évolution des pratiques académiques et la reconnaissance des parcours étudiants. Une chose est certaine : le dialogue entre institutions universitaires, ministère et étudiants devra se poursuivre pour trouver un équilibre entre tradition académique et modernisation nécessaire.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net