Au cœur de Kinshasa, mégapole de plus de 17 millions d’âmes, un silence assourdissant entoure une crise sanitaire qui frappe quotidiennement des milliers de citoyens. Comment une capitale peut-elle fonctionner sans installations sanitaires dignes de ce nom ? Aux abords du marché Zando, épicentre commercial de la ville, l’absence criante de toilettes publiques pousse la population vers des solutions désespérées.
Le long des avenues Du Commerce et Tombalbaye, le spectacle est aussi navrant que révélateur. Derrière des véhicules stationnés, contre des murs décrépis, des hommes et des femmes tentent de préserver un semblant de dignité dans des conditions indignes. « Ici, on doit choisir entre payer pour un besoin naturel ou risquer sa santé », confie un vendeur ambulant, le regard empli de honte.
Les quelques installations existantes à l’intérieur du marché central offrent un spectacle tout aussi alarmant. Aux toilettes publiques de l’avenue Rwakadingi, l’odeur nauséabonde témoigne d’un entretien négligé malgré les frais perçus quotidiennement. Comment expliquer que des gestionnaires facturent l’accès sans assurer le minimum sanitaire ? Cette situation soulève des questions fondamentales sur la gestion des infrastructures publiques à Kinshasa.
Seules lueurs dans ce paysage désolant : quelques initiatives privées sur les avenues Luvua et Itaga où des toilettes bien entretenues offrent un havre de propreté. Mais là encore, l’accès reste conditionné à une capacité financière que beaucoup n’ont pas. Le droit le plus élémentaire devient ainsi un privilège réservé à ceux qui peuvent payer.
La nuit tombée, la situation bascule dans l’insoutenable. Sous le couvert de l’obscurité, les artères autour du marché Zando se transforment en véritables cloaques à ciel ouvert. Au petit matin, les usagers des transports en commun doivent affronter des odeurs putrides et des risques sanitaires graves. La fièvre typhoïde guette aux arrêts de bus, transformant l’attente quotidienne en véritable parcours du combattant sanitaire.
Cette crise des toilettes publiques à Kinshasa dépasse largement la simple question de commodité. Elle touche à la dignité humaine, à la santé publique et au droit fondamental d’accès à l’assainissement. Jusqu’à quand les Kinois devront-ils choisir entre leur santé et leur dignité ? La réponse à cette question en dira long sur les priorités réelles de ceux qui dirigent la capitale congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd