Dans un contexte politique congolais marqué par des tensions persistantes, la Première ministre Judith Suminwa a adressé un message sans équivoque à la jeunesse congolaise lors d’une audience accordée à la nouvelle équipe dirigeante du Conseil National de la Jeunesse. La cheffe du gouvernement a martelé l’impérieuse nécessité pour les jeunes de résister aux manipulations politiciennes, dans un discours qui interroge sur les véritables intentions derrière cet appel à la vigilance.
« La jeunesse ne doit pas se laisser manipuler. L’avenir de ce pays est entre vos mains », a déclaré Judith Suminwa, dans une allocution où transparaît une certaine urgence à préserver la jeunesse congolaise des influences externes. Mais derrière ces exhortations à l’unité et à la responsabilité, ne perçoit-on pas les signes d’une bataille plus large pour le contrôle du vivier militant que représente la jeunesse ?
Claude Mbuyi, nouveau président du CNJ élu pour un mandat de trois ans, a présenté une vision axée sur la mobilisation des « potentiels jeunes » autour des projets de développement durable. Une ambition louable, certes, mais qui soulève une question fondamentale : cette institution parviendra-t-elle véritablement à fédérer une jeunesse congolaise souvent fragmentée et désillusionnée ?
Les défis évoqués lors de cette rencontre révèlent l’ampleur de la tâche : insécurité persistante dans l’Est du pays, problématique criante de l’employabilité des jeunes, et dépravation des mœurs qui mine le tissu social. Judith Suminwa a promis le soutien du gouvernement, mais suffira-t-il de promesses pour répondre aux attentes légitimes d’une jeunesse en quête de perspectives ?
La Première ministre joue manifestement gros sur cette carte jeunesse, sachant que son crédit politique dépendra en partie de sa capacité à canaliser les énergies juvéniles vers des projets constructifs plutôt que contestataires. Son appel à éviter les « guéguerres » et à privilégier « l’esprit d’équipe » traduit une préoccupation réelle : celle de voir la jeunesse congolaise échapper à l’influence des oppositions politiques.
Reste à savoir si le CNJ, sous sa nouvelle direction, parviendra à maintenir son indépendance tout en collaborant avec l’exécutif. L’équilibre est fragile entre accompagnement gouvernemental et autonomie décisionnelle. La jeunesse congolaise saura-t-elle résister aux manipulations tout en préservant son esprit critique ?
Cette rencontre symbolise la reconnaissance officielle du rôle central de la jeunesse dans l’avenir politique et économique de la RDC. Judith Suminwa l’a bien compris : qui maîtrise la jeunesse congolaise maîtrise une partie essentielle de l’échiquier politique. Mais la jeunesse congolaise acceptera-t-elle de jouer le jeu institutionnel ou préférera-t-elle inventer ses propres modes d’expression et de mobilisation ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: primature.grouv.cd