Les pourparlers de Doha, censés apaiser les tensions dans l’Est de la RDC, subissent un nouveau coup dur alors que les accusations fusent entre les belligérants. Corneille Nangaa, coordonnateur politique de l’AFC-M23, a une nouvelle fois pointé du doigt le gouvernement congolais et les FARDC pour des violations du cessez-le-feu et de l’accord de principes signé au Qatar. Une sortie médiatique qui intervient dans un contexte où la persistance des combats au Nord-Kivu et au Sud-Kivu remet en cause l’efficacité des processus diplomatiques en cours.
En réponse, les Forces Armées de la RDC, par la voix du général major Sylvain Ekenge, ont vivement rejeté ces accusations, les qualifiant de « fuite en avant à la manière d’un voleur qui crie au voleur ». Les FARDC imputent plutôt à la coalition AFC-M23, soutenue par le Rwanda selon Kinshasa, la responsabilité de l’insécurité persistante dans la région. Le porte-parole militaire a souligné que les attaques rebelles se poursuivent malgré les engagements pris dans le cadre des initiatives de Washington et de Doha, sapant ainsi les efforts de paix.
Pour étayer leurs dires, les autorités militaires ont présenté six individus interpellés dans les Hauts Plateaux de Fizi et d’Uvira, accusés de collaboration avec les rebelles. Parmi eux, un soldat rwandais en activité, Nuyomugabo Sagel, membre des Forces de défense du Rwanda, selon les déclarations des FARDC. Cette révélation vise à démontrer l’implication directe de Kigali dans le conflit, une accusation récurrente de la part de Kinshasa que le Rwanda dément régulièrement.
La situation sur le terrain reste volatile, avec des combats rapportés dans les territoires de Mwenga, Hauts Plateaux d’Uvira, Fizi et même Walikale, où la présence de l’AFC-M23 n’était pas signalée auparavant. Cette expansion géographique des hostilités interroge sur la réelle volonté des parties de respecter les cessez-le-feu. Les pourparlers de Doha, pilotés par le Qatar, peinent à produire des avancées concrètes, malgré la signature de la Déclaration de principes et le partage d’un projet d’accord.
Corneille Nangaa, lors d’une conférence de presse à Goma, a également accusé le régime Tshisekedi de violer un point clé de la déclaration : la libération des prisonniers proches de l’AFC-M23. Cette accusation met en lumière les blocages persistants dans la mise en œuvre des mesures de confiance, essentielles pour bâtir un climat propice au dialogue. L’AFC-M23 appelle la communauté internationale à « regarder la vérité en face », estimant que Kinshasa est à l’origine des obstacles.
Pourtant, le gouvernement congolais, par l’intermédiaire du Vice-Premier ministre Jacquemain Shabani, se dit engagé dans le processus et assure que « tout est mis en œuvre pour l’exécution des mesures de confiance ». Cette déclaration contraste avec les rapports de terrain qui font état de violations continues du cessez-le-feu. La dissonance entre les discours politiques et la réalité militaire soulève des questions sur la faisabilité d’une résolution pacifique à court terme.
Alors que les délégués des deux parties poursuivent les discussions à Doha, l’impasse semble se renforcer. La médiation qatarie fait face à un défi de taille : faire respecter des engagements que ni l’un ni l’autre camp ne semble prêt à honorer pleinement. La communauté internationale, souvent interpellée par les deux parties, devra-t-elle revoir sa stratégie pour éviter un nouvel enlisement du conflit ? Les prochains jours seront cruciaux pour déterminer si les pourparlers de Doha peuvent déboucher sur des avancées tangibles ou s’ils rejoindront la longue liste des initiatives diplomatiques avortées dans la région.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd