La Première ministre Judith Suminwa a pris le taureau par les cornes ce jeudi en convoquant une réunion d’urgence sur les embouteillages monstres qui paralysent Kinshasa. Face aux ministres et responsables techniques, la cheffe du gouvernement a délivré des instructions sans équivoque : accélérer le rythme des travaux de voirie sous peine de voir la colère des Kinois déborder.
Le constat est accablant. Certaines artères de la capitale congolaise ressemblent à des parkings à ciel ouvert, où les automobilistes passent plus de temps dans leur véhicule qu’avec leur famille. Ces embouteillages chroniques ne sont pourtant pas une fatalité, mais le résultat d’années de négligence dans l’entretien des infrastructures routières. La question qui se pose est simple : jusqu’à quand les citoyens devront-ils subir ces désagréments quotidiens ?
John Banza Lunda, ministre des Infrastructures et Travaux publics, s’est fait le porte-voix des directives présidentielles. « Nous descendons sur place physiquement pour contrôler l’avancement des chantiers », a-t-il affirmé, reconnaissant implicitement que le suivi à distance avait montré ses limites. La stratégie adoptée est pour le moins ambitieuse : faire travailler les entreprises en shifts jour et nuit pour rattraper le retard accumulé.
Cette course contre la montre s’annonce périlleuse. Le gouvernement joue sa crédibilité sur ce dossier des infrastructures RDC, sachant que l’échec pourrait fragiliser durablement la confiance déjà vacillante des populations. Les promesses de fluidification de la circulation Kinshasa se sont souvent évaporées dans l’air chaud de la capitale, laissant les usagers sceptiques face aux nouvelles annonces.
L’opération de dragage des confluents du fleuve Congo, annoncée pour vendredi, constitue le premier test concret de cette nouvelle dynamique. Menée conjointement par l’Office de Voiries et Drainage (OVD) et la Régie des Voies Fluviales (RVF), cette intervention technique vise à prévenir les inondations qui aggravent régulièrement la situation routière.
Mais le véritable défi réside dans la coordination des multiples chantiers qui perturbent la circulation. La route de Matadi, véritable colonne vertébrale économique, cristallise toutes les frustrations. Le ministre Banza a reconnu que les services étaient intervenus « plus de cinq fois » sur le secteur de la Maternité sans résultat probant. Un aveu d’échec qui en dit long sur la complexité des travaux voirie Kinshasa.
La Task Force mise en place par Judith Suminwa représente-t-elle enfin la réponse structurelle attendue ? Cette cellule de suivi en temps réel pourrait effectivement briser la tradition des rapports bureaucratiques qui noyaient l’urgence dans les paperasses. Reste à savoir si cette approche technocratique parviendra à imposer son autorité sur le terrain, où les réalités opérationnelles résistent souvent aux bonnes intentions.
Le gouvernement appelle à la patience des Kinois, invoquant « l’état d’urgence infrastructurel ». Mais la résilience des populations a ses limites, et la communication sur l’avancement des travaux devra être transparente et régulière pour maintenir l’adhésion citoyenne. La crédibilité de l’exécutif se jouera sur sa capacité à transformer ces annonces en réalisations concrètes et visibles.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: primature.grouv.cd