À Idiofa, dans la province du Kwilu, la circulation routière est devenue un véritable parcours du combattant. Chaque déplacement se transforme en calvaire pour les habitants et transporteurs, confrontés à une multiplication inquiétante de barrières illégales sur les axes principaux et secondaires.
« Pour circuler normalement, il faut payer 2000 FC à chaque barrière sans discussion possible », dénonce Arsène Kasiama, coordonnateur de la Nouvelle société civile locale. Le constat est alarmant : sur la seule route Idiofa-Dibaya, quatre points de contrôle illégaux ponctionnent injustement les usagers. Résultat : un simple trajet coûte 8000 FC supplémentaires en « frais de passage » non officialisés.
Comment une telle situation a-t-elle pu s’installer durablement ? Les services impliqués – police de circulation routière, service des transports et autres entités – opèrent en toute impunité, sans délivrer le moindre reçu ou justificatif. Cette pratique illégale frappe particulièrement les routes de desserte agricole, asphyxiant littéralement l’économie locale et isolant davantage les populations rurales.
Le phénomène des tracasseries routières à Idiofa révèle un système profondément ancré de corruption à petite échelle, mais aux conséquences macro-économiques désastreuses. Les producteurs agricoles voient leurs marges réduites par ces prélèvements abusifs, tandis que le prix des denrées alimentaires augmente mécaniquement pour les consommateurs.
Le territoire d’Idiofa, plus vaste entité du Kwilu avec ses 20 000 km², se trouve ainsi pris au piège de ces barrières illégales dans le Kwilu. Situation d’autant plus paradoxale que ces points de contrôle disparaissent miraculeusement à l’approche des autorités provinciales. « Quand le Gouverneur vient, tout est nettoyé. Mais dès son départ, les barrières réapparaissent », témoigne amèrement un habitant.
Cette schizophrénie administrative interroge sur la complicité passive – ou active – de certaines structures étatiques. Jusqu’où la corruption sur les routes de la RDC peut-elle s’étendre sans déclencher une réaction ferme des institutions ? La société civile locale exige désormais une intervention urgente des autorités provinciales et nationales.
La police de circulation à Idiofa se trouve au cœur de ce système, certains de ses éléments participant activement à ces pratiques illégales. Pourtant, sa mission première devrait être la sécurisation des routes et la protection des usagers, non leur rançonnement systématique.
La société civile d’Idiofa, menée par Arsène Kasiama, ne baisse pas les bras. Elle appelle à une suppression immédiate de tous les points de contrôle non autorisés et à des sanctions exemplaires contre les responsables. « Nous exigeons la liberté de circulation pour tous les citoyens, conformément à la loi », insiste-t-il.
Cette situation n’est malheureusement pas isolée en République Démocratique du Congo, où de nombreuses régions souffrent de pratiques similaires. Elle pose fondamentalement la question de l’effectivité de l’État de droit dans les territoires éloignés des centres de décision.
Quel avenir pour les populations rurales si chaque déplacement devient un supplice financier ? Comment développer l’agriculture et le commerce local quand les routes sont transformées en péages sauvages ? La réponse des autorités sera déterminante pour l’avenir économique et social de toute la région.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
