Qui se souvient encore de ce dimanche historique du 19 juillet 1987 où le stade du 20 Mai à Kinshasa vibrait jusqu’à ses fondations ? Ce jour-là, le Zaïre de l’époque écrivait l’une des plus belles pages de son histoire footballistique face au Sénégal. Près de quatre décennies plus tard, l’écho de cette victoire résonne encore dans la mémoire collective.
Imaginez l’ambiance : un stade officiellement prévu pour 40 000 spectateurs mais qui en accueille bien plus, débordant de passion jusqu’aux grillages et toits. Chaque Kinshasais présent ce jour-là pouvait sentir l’histoire se faire sous ses yeux. La défense menée par le duo Buana Ngalula – Aimedo Nkongolo tenait tête au redoutable Jules Bocandé, pendant qu’Elengesa réalisait des arrêts décisifs qui font encore frémir d’émotion.
Et puis vint le moment mythique : la séance des tirs au but. Sous le soleil déclinant de l’après-midi, chaque penalty était un supplice, chaque explosion de joie une délivrance. Sabou Makengo, ce héros de l’avenue Tshuapa, scella le destin de toute une nation d’un tir précis. Zaïre 4, Sénégal 2. Le stade explosa, Kinshasa trembla, l’Afrique regarda avec admiration.
Mais au-delà du score, que représente vraiment cette qualification des Léopards en 1987 ? Pour le Dr Bertin Kadima Tshimanga, témoin privilégié de l’époque, c’était bien plus qu’un simple match. « Ces héros n’étaient pas des étrangers, mais des voisins, des grands frères qui allaient marquer l’histoire » confie-t-il avec une émotion palpable.
Le médecin pédiatre se souvient : « À Lingwala, sur l’avenue Itaga, nous vivions à côté de l’avenue Tshuapa où résidait Sabou Makengo lui-même. Le capitaine Mutubile Santos habitait l’avenue Kibambi à Camp Christ Roi. Le football avait une dimension intime, presque familiale. »
Aujourd’hui, alors que la RDC affronte à nouveau le Sénégal dans les éliminatoires de la Coupe du Monde, ces souvenirs ressurgissent avec une intensité particulière. L’histoire se répète-t-elle ? Chancel Mbemba incarne aujourd’hui l’héritage défensif de Nkongolo et Buana, tandis que Wissa et Bakambu portent les espoirs offensifs.
Mais la leçon de 1987 dépasse le cadre du football. Pour le Dr Kadima, qui soigne aujourd’hui des grands prématurés dans les hôpitaux kinois, cette victoire représente une métaphore puissante de la résilience. « Comme Elengesa défendait son but, comme Buana et Nkongolo fermaient l’accès à Bocandé, je défends avec mes équipes la vie de ces enfants minuscules mais portés par l’espérance ».
La liesse populaire qui avait submergé Kinshasa ce jour de juillet 1987 – des avenues de Kasa-Vubu à celles de Lingwala, de Bandalungwa à Ndjili – n’était pas que la célébration d’une qualification. C’était l’affirmation d’une identité, la preuve que face à l’adversité, le courage et la discipline pouvaient triompher.
Alors que les Léopards se préparent à écrire une nouvelle page de leur histoire, le témoignage du Dr Kadima nous rappelle l’essentiel : l’espérance, quand elle est partagée, devient une victoire. Le Zaïre d’hier a écrit l’histoire. La RDC d’aujourd’hui peut l’écrire à nouveau.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd