Les travaux de curage des caniveaux se poursuivent activement dans plusieurs artères de Kinshasa, mais un problème persistant inquiète les habitants : les monticules de sable et d’ordures extraits des rigoles restent entassés sur la voie publique, faute d’évacuation rapide. Dans les communes de Ngaliema et Bandalungwa, le spectacle est le même. Des agents municipaux s’affairent à retirer les dalles et à nettoyer les caniveaux à la main, sous le regard mitigé des Kinois.
« Cela fait trois mois que les immondices ne sont pas évacuées. Bientôt les pluies vont tomber. Il faut qu’on vienne les enlever », alerte une riveraine de l’avenue Mapenza, où la rivière éponyme fait également l’objet de travaux d’assainissement. Son témoignage reflète une inquiétude partagée par de nombreux habitants, qui craignent que ces amas de déchets ne finissent par obstruer à nouveau les caniveaux dès les premières intempéries.
Le bourgmestre de Ngaliema, Fulgence Bolonkomo, reconnaît les difficultés. « La commune n’a pas de véhicule. Il faut louer, mais sans argent, on attend », explique-t-il, pointant du doigt le manque criant de moyens logistiques et financiers. Une situation qui n’est malheureusement pas isolée dans une capitale où les défis d’assainissement se multiplient.
Comment une initiative salutaire peut-elle ainsi tourner à la demi-mesure ? Les travaux de curage, bien que nécessaires, restent inefficaces si les déchets extraits ne sont pas évacués correctement. Les tas qui s’accumulent aux abords des avenues Mondjiba et Kasavubu risquent non seulement de réduire la mobité urbaine, mais aussi de favoriser la prolifération de maladies hydriques et vectorielles.
Les inondations récurrentes pendant la saison des pluies à Kinshasa rappellent pourtant l’urgence d’une gestion efficiente des déchets et de l’assainissement. Alors que la ville se prépare à affronter des précipitations de plus en plus intenses, la question de la résilience climatique et sanitaire se pose avec acuité. Les autorités publiques parviendront-elles à débloquer les ressources nécessaires pour achever ce qui a été commencé ?
Pour l’heure, les habitants oscillent entre espoir et frustration. Ils saluent l’effort entrepris, mais déplorent le manque de suivi. La persistance de ces dépôts sauvages de sable et d’immondices illustre les limites d’une politique d’assainissement fragmentée et sous-équipée. Elle met en lumière un problème structurel qui dépasse le simple curage ponctuel des caniveaux.
Dans un contexte où les problèmes sanitaires s’aggravent avec la croissance démographique et l’urbanisation anarchique, la capitale congolaise a plus que jamais besoin de solutions durables. L’évacuation des déchets issus du curage n’est qu’un maillon — mais essentiel — d’une chaîne qui doit être pensée dans sa globalité. Sans cela, les efforts resteront vains, et les Kinois continueront de payer le prix fort à chaque saison des pluies.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net