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RDC: Tshisekedi renforce le contrôle étatique sur la production d’explosifs via AFRIDEX

Dans un mouvement stratégique visant à renforcer le contrôle étatique sur la production d’armements, le président Félix Tshisekedi a procédé à une restructuration en profondeur de l’Africaine d’explosifs (AFRIDEX). Cette réorganisation, actée par ordonnance présidentielle lue sur la RTNC ce mercredi 3 septembre 2025, modifie substantiellement le cadre légal établi par l’ordonnance n°16/051 du 3 mai 2016.

Le chef de l’État congolais, par cette initiative, confirme sa volonté de maîtriser la chaîne complète de production des explosifs et munitions sur le territoire national. La révision des articles 8, 10 et 11 de l’ordonnance de 2016 consolide l’autorité du ministère de la Défense nationale tout en clarifiant la chaîne de commandement au sein de cette institution sensible.

L’article 8 modifié renforce le pouvoir présidentiel en matière de nominations, stipulant désormais que le Directeur général et ses adjoints sont « nommés et relevés de leurs fonctions par le Président de la République sur proposition du gouvernement délibéré en Conseil des ministres ». Cette précision institutionnelle n’est pas anodine : elle place la direction d’AFRIDEX sous contrôle direct de la présidence, réduisant potentiellement les marges de manœuvre politiques.

Parallellement, l’article 10 révisé élargit les prérogatives du Directeur général, lui conférant explicitement la gestion des ressources humaines, financières et immobilières. Plus significativement, il obtient la capacité de « proposer au ministre de la Défense des mesures visant la réforme et la modernisation d’AFRIDEX », ainsi que l’élaboration d’un « plan stratégique pluriannuel ». Ces attributions transformeraient-elles le directeur général en véritable architecte de la politique industrielle militaire congolaise ?

Dans un mouvement complémentaire, le président Tshisekedi a reconduit le lieutenant-général Sikabwe Asinda Fall à la tête de l’institution, secondé par Marcel Mbuyu Kyungu et Serge Bokana Ekakumba respectivement aux questions techniques et administratives. Cette stabilité directionnelle contraste avec les turbulences habituelles du paysage sécuritaire congolais.

L’historique d’AFRIDEX, qui remonte aux Poudrières Réunies de Belgique de 1948, témoigne de la permanence des enjeux stratégiques autour de la production d’explosifs. Le monopole conféré à cette institution par la loi N°11/012 du 11 août 2011 en fait l’unique acteur autorisé pour « la production de tous explosifs, munitions civiles et militaires » sur l’ensemble du territoire national.

Cette exclusivité, renforcée par les récentes modifications, répond à une logique sécuritaire évidente : prévenir la diversion des explosifs vers des usages criminels ou terroristes. Le dispositif mis en place impose que « tout explosif importé, fabriqué, transporté, stocké, manipulé ou utilisé en RDC doit être autorisé par un certificat émis par l’AFRIDEX ».

La concentration de ces pouvoirs régaliens entre les mains d’une seule institution interroge cependant sur l’équilibre des contrôles. Si AFRIDEX peut conclure des « contrats de partenariat ou de concession », comment garantir la transparence de ces processus stratégiques ? La « traçabilité des explosifs de la production jusqu’à leur utilisation finale » constitue-t-elle une garantie suffisante contre les détournements ?

Le siège social de Likasi, dans le Haut-Katanga, place géographiquement ce dispositif sécuritaire au cœur d’une région minière cruciale pour l’économie congolaise. Cette localisation n’est probablement pas fortuite, tant les besoins en explosifs civils pour l’industrie minière restent substantiels.

À travers cette réorganisation, le pouvoir congolais joue une partition subtile : renforcer le contrôle étatique sur un secteur sensible tout maintenant une ouverture contrôlée aux partenariats techniques. La réussite de cette équation déterminera non seulement la capacité de la RDC à maîtriser sa production militaire, mais aussi à sécuriser l’usage civil des explosifs dans des secteurs économiques vitaux.

Les prochains mois révéleront si cette restructuration d’AFRIDEX constitue véritablement un tournant dans la gouvernance sécuritaire congolaise ou simplement un réaménagement institutionnel de plus. La communauté internationale, particulièrement attentive aux questions de sécurité dans la région des Grands Lacs, observera avec intérêt la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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