Dans le cadre prestigieux de la table ronde internationale sur les proximités urbaines durables à Paris, le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki, a dévoilé une ambition transformationnelle pour la mégapole congolaise. Face à une urbanisation souvent anarchique et à des défis structurels colossaux, sa vision articule une réponse multidimensionnelle qui interroge : une capitale africaine peut-elle concilier croissance démographique explosive et développement durable ?
La réalité kinsoise, avec ses 17 millions d’habitants et ses disparités territoriales criantes, impose une réflexion urgente. Le constat dressé par l’autorité urbaine est sans appel : une ville fracturée où centres et périphéries vivent dans des réalités parallèles. Cette dualité territoriale n’est-elle pas le symptôme d’une gouvernance urbaine historiquement fragmentée ?
La stratégie exposée par Daniel Bumba Lubaki s’articule autour de trois axes fondamentaux : le renforcement des infrastructures de base, l’innovation environnementale et la refonte de la gouvernance urbaine. Le déploiement de mini-réseaux solaires pour les zones non raccordées représente une solution pragmatique face aux défis énergétiques. Mais cette approche suffira-t-elle à combler le retard accumulé ?
L’initiative phare du partenariat avec la Banque mondiale pour créer un atlas de la végétation urbaine démontre une volonté d’intégrer les solutions basées sur la nature. L’introduction d’espèces comme le manguier et la citronnelle dans la lutte contre l’érosion et les inondations constitue une innovation remarquable. Cette approche écologique pourrait-elle devenir un modèle pour d’autres métropoles africaines ?
La dimension la plus novatrice réside peut-être dans l’insistance sur une gouvernance inclusive. Le gouverneur a plaidé pour une mobilisation concertée du pouvoir central, des partenaires internationaux, du secteur privé et des communautés locales. Cette vision collaborative représente-t-elle une rupture avec les pratiques traditionnelles de gestion urbaine en RDC ?
Le positionnement de Kinshasa sur la scène internationale à travers cette table ronde parisienne signale une évolution notable. La capitale congolaise ne se contente plus de subir les dynamiques urbaines mais tente d’en devenir actrice. Cette volonté d’adaptation des tendances mondiales à la réalité kinsoise marque-t-elle l’émergence d’un nouveau paradigme de développement urbain ?
Les défis restent immenses : fractures sociales persistantes, pression climatique croissante et aspirations contradictoires entre tradition et modernité. La réussite de cette transformation urbaine dépendra de la capacité à maintenir une cohérence stratégique sur le long terme et à mobiliser les ressources nécessaires. Le gouverneur joue gros avec cette vision transformationnelle, dont l’échec pourrait accentuer les fractures existantes.
Cette intervention parisienne pourrait marquer un tournant dans l’histoire urbaine de Kinshasa. Reste à savoir si les ambitions affichées se traduiront par des réalisations concrètes et durables pour les millions de Kinois qui attendent une amélioration de leurs conditions de vie. La prochaine étape consistera à transformer ces discours en actions tangibles sur le terrain kinsois.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd